Che Fare ?
« Dans ses Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes publiés entre 1666 et 1688, André Félibien, historiographe de Louis XIV et secrétaire de l’Académie d’architecture, emploie régulièrement le verbe “desseigner” pour “dessiner”, orthographe qu’au XVIIIe siècle Furetière qualifie de rare mais qui n’en figure pas moins à la lettre D de son dictionnaire, quelques lignes avant “dessein” et “dessiner”. De la même façon, les planches de l’Encyclopédie de Diderot consacrées au dessin sont légendées “Dessein” – mots tous deux originaires du latin designare qui signifie “représenter concrètement” lui-même passé dans l’italien de la Renaissance sous la forme disegnare pour, au sens propre, “tracer les contours de quelque chose” ou au sens figuré “former un projet”. Une double dimension présente aux origines du mot, celle du “dessin à dessein”, que le sens français a perdues là où l’anglais design les a conservées. Le terme “design ‘est un anglicisme qui apparaît en France à la fin des années 50 à partir d’un seul des trois sens du mot anglais design (design renvoie pour le Cambridge Dictionary à trois définitions qui sont précisément celles du dessein du XVIIIe siècle : il désigne à la fois le plan d’un projet (au sens technique du terme), l’intention et le motif. »L’atelier de méthodologie du projet “Che fare ? ” s’inscrit dans cette triple définition des champs du design et travaillera en binôme avec l’atelier dirigé par Agnès Martel.
Il privilégie également le questionnement sur la notion de décor, d’ornement et de motif. Il n’est pas question de revenir aux arts dits décoratifs, mais d’étudier et d’expérimenter comment les envies et les modes de productions actuels permettent de produire de nouvelles formes, où l’ornement, le motif peuvent être légitimes. Dans cette optique, conjointement à l’atelier d’Agnès Martel, l’atelier développera des partenariats avec des lieux de production de tout type disposant de savoir-faire, de technicités pouvant interroger et stimuler le travail des étudiants.
Le but de l’enseignement est la formation de professionnels autonomes dans leur pratique et ancrés dans la création contemporaine.
La pédagogie est fondée sur l’expérimentation de la forme, sur les conditions d’apparition de la forme, et sur la signification de la forme dans un contexte donné. Tout au long du cursus, l’étudiant est incité à s’interroger sur le sens induit par les formes qu’ils produit, sur le sens donné par l’usage et l’histoire, les cultures.