Olivier Coquard
Professeur de philosophie au lycée Henri IV.
« Les 30 glorieuses au miroir des Tontons Flingueurs »
Film éreinté par la critique mais succès public convenable à sa sortie française en novembre 1963, les Tontons Flingueurs ont acquis très rapidement un statut incontestable de Film-culte.
Parmi les raisons de cette véritable réussite, la présence dans ce film d’une impressionnante série d’images de ce que vivait et pensaient les deux générations des Trente Glorieuses : les parents, nourris par la tradition et sortis de la guerre, et la jeunesse, imprégnée de modernité et de valeurs nouvelles.
Tout y est : depuis l’émergence de la société de consommation au contexte nouveau de la diplomatie, de la fin de l’époque coloniale à l’américanisation des mœurs, de la confrontation politique à l’affrontement générationnel.
L’analyse de cette période passera donc par celle de trois séquences du film : la bande annonce d’abord, qui permet en particulier de mieux comprendre le public visé par l’œuvre ; la « scène de la péniche », où l’on peut découvrir assez précisément la conscience économique des contemporains des Trente Glorieuses en France – y compris la question de la main d’œuvre et celle de la société des loisirs ; puis la célébrissime « scène de la cuisine », où s’enchaînent considérations sur l’incompréhension entre les générations, allusions à la diplomatie, regards sur le passé guerrier et colonial de la France.
Le charme du film tient à la façon dont la réalisation sait jouer avec les codes du film policier, aux dialogues d’une très grande qualité, au jeu des acteurs dont la qualité est renforcée par des complicités nombreuses et à une maîtrise formelle des techniques du cinéma suffisante pour faire des Tontons Flingueurs l’une des références du cinéma français.
Dans le cadre de la Semaine de la Pop Philosophie.
Conférence / mercredi 23 octobre 2013 / 11h / amphithéâtre