Philippe-Alain Michaud
Conservateur du département cinéma du Centre Georges Pompidou.
Conférence / projection : « Les films sont des volets de fer »
À Gustav Jannouch qui lui demande s’il aime le cinéma, Franz Kafka répond : « C’est un jouet magnifique ». Mais je ne le supporte pas, peut-être parce que je suis trop visuel. Or le cinéma perturbe la vision.
La rapidité des mouvements et la succession précipitée des images vous condamnent à une vision superficielle de façon continue.
« Ce n’est pas le regard qui saisit les images, ce sont elles qui saisissent le regard. Elles submergent la conscience. » Et Kafka d’ajouter : « Les films sont des volets de fer. »
Les figures que les cinéastes ont fixés tout au long de l’histoire du film ne sont pas les figures du monde, ce sont les métaphores de cet étrange pouvoir de mise à distance que décrivait Kafka : des images encadrées, dans lesquelles le monde nous apparaît comme au travers d’une paroi transparente, des volets de fer, deux fois infranchissables.
- Moving image, Mark Lewis, 2011-12-02, 1’17’’
- LASZLO MOHOLY-NAGY, Berliner STILLLEBEN (Nature Morte Berlinoise), 1926-1932, 12’
- Raphael MONTANEZ ORTIZ, Henny PENNY, The Sky is falling, 1958, 5’30’’
- Martin ARNOLD, Pièce touchée, 1989, 15’
- Alexander UGAY, Mourning, 2004, 10’
- Clemens VON WEDEMEYER, From the Opposite Side, 2007, 38’
Invité par Didier Morin.
Lundi 11 février à 16h en salle 2.