Stephen Wright
Critique d’art. «Les Modernités hors de l’Europe».
Dans le cadre de L’AUTRE BORD – Un rendez-vous annuel avec la création contemporaine méditerranéenne organisé par ART CADE en partenariat avec l’École Supérieure des Beaux-Arts de Marseille et l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Les Rencontres Place Publique et Les Rencontres d’Averroès à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Marseille.
Stephen WRIGHT est critique d’art, ancien directeur de programme au Collège international de philosophie (Paris) et chercheur à l’INHA.
Commissaire d’expositions indépendant, il a organisé en 2004 « L’avenir du ready-made réciproque » (Apexart, New York) et plus récemment« In Absentia » (Passerelle, Brest), expositions collectives faisant partie d’une série de projets qui, en interrogeant des pratiques artistiques à faible coefficient de visibilité artistique, soulèvent la question d’un art sans œuvre, sans auteur et sans spectateur.
Il vit à Paris où il est membre du comité de rédaction de la revue Mouvements.
« La modernité européenne apparaît comme une évidence : un mode hégémonique de conceptualisation, dont les tendances structurantes sont si insidieusement mêlées qu’elles ne peuvent qu’orienter tout le débat autour de l’« Europe » et les « autres ».
De ce point de vue, la modernité, si européocentriste soit-elle, n’est pas susceptible de critique, puisqu’elle serait la condition de possibilité de la pensée moderne. Pour autant que la modernité existerait en dehors de l’Europe, elle serait un pur produit d’exportation.
Cette circularité est particulièrement vicieuse; elle a fait des ravages; elle est aujourd’hui fortement contestée. Peut-on sérieusement prétendre que la modernité japonaise, pour ne prendre que cet exemple, serait essentiellement « européenne »?
Ce n’est pas la seule pensée européocentrique mais la modernité elle-même qu’il s’agit de démasquer tout à la fois comme étant une subjectivité qui assujettit tout en étant elle-même asservie, et comme une volonté de domination planétaire.
Ce débat veut contribuer à arracher le voile de la modernité et de la raison, et de l’« Europe » pour faire apparaître la volonté de puissance pure derrière une affirmation unilatérale d’une « invention » « européenne » de la « modernité ».
S’il ne s’agit pas ici de congédier la modernité, l’Europe et la rationalité elles-mêmes, il s’agit d’éviter aussi toute autocélébration de l’Europe par des Européens. Cette table ronde s’efforcera de faire entendre d’autres voix, d’autres accents, d’autres conceptions de la modernité en dehors de l’Europe depuis une perspective sereinement post-coloniale. » Stephen WRIGHT.
Mercredi 10 novembre 2010 de 11h à 13h dans l’amphithéâtre dans le cadre des Forum du Mercredi.