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Espaces sans qualités

Problématique et terrain d’expérimentation

Les technologies numériques, dont le développement a amplifié et accéléré les mutations urbaines entamées à la fin du XIXe siècle, infiltrent aujourd’hui les espaces urbains, en modifient le paysage aussi bien que leurs usages et modes de gouvernance. Les données qui transitent par les réseaux de communication GSM, les réseaux WiFi, les infrastructures de transport et d’information des usagers, les dispositifs de surveillance ou les équipements RFID s’agrègent au milieu urbain et produisent et distribuent en permanence des espaces dont la nature se modifie sous le régime de l’hybridation entre espace physique (espace matériel, espace bâti) et « espace numérique », où la connectivité permanente, les systèmes de géolocalisation, l’informatique ubiquitaire et mobile modifient en profondeur les modes d’être urbains à l’échelle individuelle et collective.

La question qui préoccupe le design au sein de cette problématique est de savoir comment qualifier ces mises en tension permanentes qui caractérisent cette ville contemporaine (global/local, privé/public, anonymat/surveillance, individu/collectif, intérieur/extérieur, espaces bâtis/espaces des flux,…), comment s’orienter dans un environnement aux frontières poreuses, dans des lieux complexes, multiples et fragmentés, comment matérialiser l’effectivité d’une interrelation entre les corps, les lieux et les réseaux de communication numérique, bref comment donner forme et sens à ce que nous proposons d’appeler, en écho à la figure de L’Homme sans qualités de Robert Musil, des « espaces sans qualités ».

Ces questions impliquent qu’il s’agit désormais d’habiter en ville des territoires dits « hybrides », formés de la rencontre entre le numérique et le bâti, entre le monde des données qui transitent par les réseaux de communication numérique et celui des rues, des bâtiments, du mobilier urbain, et de la multitude des objets en transit.

La ville comme formidable terrain d’innovation et d’expérimentation continue de croître aujourd’hui pour devenir l’un des paradigmes dominants de ce début du XXIe siècle, cristallisant les enjeux concourants au développement des technologies numériques, de la communication en réseau, du devenir des espaces critiques et démocratiques, du « développement durable ». C’est plus que jamais au cœur de cet ample mouvement de réflexion transdisciplinaire, que se situent les questionnements de notre unité de recherche qui se précisent à l’aune d’une nécessaire mise à distance critique du déploiement des technologies numériques dans l’espace urbain : quels sont les usages, les pratiques, les formes et les objets d’une ville dite « numérique » ?

Comment contribuer à l’innovation urbaine dans un contexte complexe où se nouent des enjeux multiples et parfois contradictoires (multiplication des services mais prolifération de données, accessibilité généralisée mais surconsommation énergétique) ? Comment, dans un contexte qui s’apparente à une fuite en avant technologique, le design peut-il s’inscrire à l’articulation des enjeux de la ville numérique et de la ville durable ?

À travers ces questions, c’est le constat d’un monde en mutation qui se pose et c’est par conséquent la pratique du design qu’il s’agit de réévaluer à travers les notions de design de service, de design de systèmes, de visualisation d’information, d’innovation ascendante, etc. Dans ce contexte très large, trois axes, pour l’essentiel, articulent ces questionnements : les lieux et les parcours, ou l’idée de renouveler le rapport du déplacement des corps dans la ville, par des dispositifs qui réagissent à la captation des corps dans l’espace urbain ; la muséographie interactive, ou l’idée d’une exposition dont les contenus s’adaptent à son visiteur, d’une visite davantage basée sur le régime de l’expérience physique que sur celui de la lecture didactique où le corps entre en jeu entre lecture contextualisée et espace éprouvé ; la ville « adaptative » ou l’idée d’une ville « dynamique » qui s’adapte en permanence à ses conditions d’usage, au nombre de personnes sous un abribus, aux données environnementales, aux événements qui ont lieu ailleurs, etc.

Diplôme de 3e cycle

L’unité de recherche a également pour vocation de délivrer un diplôme de 3e cycle, le DSRD (Diplôme Supérieur de Recherche en Design) destiné à des étudiants-chercheurs issus de formations initiales diverses et recrutés sur appel à candidature. Elle accueille depuis février 2013 Adelin Schweitzer, artiste, dont le travail actuel explore « la notion de dichotomie et ses agencements possibles ».

Objectifs et méthodologie

Espaces sans qualités a également pour objectif de contribuer à la solidification du design en tant que discipline de recherche, de tisser des relations transdisciplinaires avec d’autres structures de recherche universitaires et académiques en France et à l’étranger, de tisser des liens et d’enrichir la pédagogie du 2e cycle . L’activité de recherche au sein d’Espaces sans qualités ne doit pas sacrifier la dimension sensible, expérimentale ou intuitive à la seule rigueur méthodologique. Les méthodologies de recherche relevant des modèles de la « recherche-projet » ou de la « recherche-création » constituent à ce titre des supports incontournables par leur volonté théorique de baser l’activité de recherche sur un dialogue entre théorie et pratique.

L’équipe

Espace sans qualités est coordonné par Frédérique Entrialgo et Ronan Kerdreux, professeurs aux Beaux-Arts de Marseille.

Professeur associé : Dominik Barbier

Assistant associé : Grégoire Lauvin

Chercheurs associés :

Ghislaine Chabert , Maître de Conférences en Sciences de l’Information et de la Communication à l’université de Savoie, Docteur de l’université de Bordeaux 3, directeur du Département Hypermédia – Communication.

Jacques Ibanez-Bueno, Professeur des Universités, docteur en Sciences de l’Information et de la Communication, Directeur de Recherche à l’université de Savoie, co-fondateur du Département Hypermédia – Communication.

Marc Veyrat, Artiste multimédia, docteur en Art et Sciences de l’Art, Maître de Conférences en Sciences de l’Information et de la Communication à l’université de Savoie, co-fondateur du Département Hypermédia–Communication.

www.espacessansqualites.net