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  • Diplômé

Nathalie Hugues

NATHALIE-HUGUES

Nathalie Hugues

C’est la lumière qui sent la mer, les volumes des roches qui sont tendus vers nous, vers l’abime en effet… Et puis il y a quelque chose de froid, mais ce n’est pas une froideur symbolique, c’est comme le temps, comme le climat, aujourd’hui il fait un froid de canard, on dirait. Il y a une grande liberté dans le traitement de la matière, mais ça ne donne pas un effet de mollesse, au contraire, ça donne la sensation d’un solide qui se déplace imperceptiblement et qui pourtant, ne cesse de « revenir sur ses pas », de se confondre avec le reste. Cela m’intéresse, parce que le mouvement supposé ou le glissement ne symbolise pas un geste, ne présuppose pas un spectateur qui, dans la reconnaissance du geste (qui existe pour ses yeux), pourrait éventuellement s’accroupir et regarder ces hommes, ces montagnes comme s’ils lui étaient dédiés…
C’est plus subtil que ça, c’est plus fin, les montagnes ne céderont jamais, elles ne vont pas s’accroupir pour la beauté de nos yeux, elles glissent et la peinture est là pour faire ressentir ce glissement, pour faire entendre dans le bruissement de la nature que la montagne et les yeux de celui qui l’observe font tous partie du même glissement, que les effondrements sont la chose la plus normale du monde et pourtant ils demeurent très mystérieux. Ils ne sont tenus que sur un fil, ils ne sont reconnaissables que sur la toile où ils s’abritent, un mouvement de repos, ou peut-être un dernier effort, je ne sais pas. Cette suspension des choses se répand au deuxième plan, il y a un apaisement, qui est une suspension d’autre type en effet.
Oui, l’inquiétude.
Mais c’est une inquiétude plus apaisée. Je me demande toujours, qu’est-ce qu’il se passe là bas? Pourquoi ça m’intéresse tellement, qu’est-ce qui me rend si curieux, qui me donne envie de parcourir l’espace, d’aller vérifier du coté de mon rêve, là où les choses existent sûrement, mais dans un déplacement qui reste à faire. Il y a toujours quelque chose qui reste à faire, c’est de la neige là bas où je rêve? Le ciel, qui est gris surplombe mon rêve, il enveloppe l’air, je sais que c’est un endroit privilégié pour voir les choses, pour savoir. Connaissance intuitive qui sait disparaitre aussitôt, qui a comprit cette sagesse de la disparition, je vois l’effondrement au premier plan, c’est un peu de ça qu’il s’agit, c’est de savoir si ça tombe tout seul ou si ça soutient le reste, si les plissements deviennent liquides comme la térébenthine, si ça coule ou si ça va couler plus tard. Non, ça ne va pas couler. C’est un peu ça, la vue: voir la ruine, voir le glissement. Je pense qu’il y a beaucoup de vent, et que là-bas, même si je ne les vois pas, il y a des arbres et des ours.

Texte de Nicola Bergamaschi sur les Roches Noires

GALERIE DU TABLEAU. 37, rue Sylvabelle. Tél. : 04 91 57 05 34. 13006 MARSEILLE

lundi 30 mars à 18:30