Positions stratégiques : camouflages, sabotages, infiltrations
« S’il est vrai que partout s’étend et se précise le quadrillage de la surveillance, il est d’autant plus urgent de déceler comment une société entière ne s’y réduit pas ».
Michel de Certeau, L’invention du quotidien, 1979. Publiés à la fin des années 70, les travaux de recherche rassemblés sous le titre L’invention du Quotidien ont été attentifs à toute sorte de ruses, tactiques et stratégies capables de détourner les procédés qui organisent la mise en ordre sociopolitique. Dans la mesure où elles témoignent d’une intelligence pratique et bricoleuse, articulée au terrain, aux combats et aux plaisirs quotidiens, Michel de Certeau faisait remonter ces ruses plus loin que la métis grecque, jusqu’aux camouflages et simulations de plantes et d’animaux. Déterminées par l’absence de pouvoir, elles s’avéraient pourtant capables de « rendre la plus forte la position du plus faible ». Comment rusent les artistes aujourd’hui ? Quelles sortes de tactiques et de stratégies peuvent-ils mettre en oeuvre ? Avec quels enjeux ?
Dans une culture du projet, où l’on doit sans cesse réfléchir à comment se faire ouvrir des portes, et ruser pour mener sa propre enquête, que nous apprennent leurs pratiques d’infiltration sur la possibilité de développer un travail artistique ? Quels gestes et outils, quels rapports aun corps et au monde ces pratiques peuvent-elles inventer ? Alors que les dispositifs de surveillance et les discours sécuritaires prolifèrent toujours, quelle nouvelle inventivité peut advenir d’un geste de sabotage ? En quoi les techniques de camouflage peuvent-elles toucher à des préoccupations artistiques, à des questions de perception des volumes ou de mimétisme des formes ? Empruntées aux ruses de la nature ou aux arts militaires, utilisées dans la chasse ou dans le cadre de l’aménagement urbain, que peuvent-elles nous dire sur nos désirs et nos peurs, notre rapport au paysage ou à l’espace public et, plus largement, sur notre position par rapport à l’autre ?
Une proposition du Bureau des Positions, programme de recherche de l’ESADMM, en partenariat avec le Fonds Régional d’Art ContemporainProvence Alpes Côte-d’Azur.
Organisation : Vanessa Brito et Fred Pradeau
PROGRAMME
14h30 Cari-Gonzalez Casanova (artiste) en conversation avec Camille Videcoq (critique d’art, commissaire d’exposition)
Présentation du Manuel de camouflage pour la protection du territoire (2016), projection de HGMC 2016 Compilation I réunissant des films d’archive sur le camouflage militaire, et des projets SPM Soft Power
Manuel : The anti-marketing kit (2016-2017) et The Limits of the exhibition apparatus (2017).
16h Marie Reinert (artiste) en conversation avec Vanessa Brito (philosophe)
Rencontre autour de ses infiltrations dans différents lieux de travail et des outils conçus à cette fin. Projection de Bull & Bear (2014), vidéo tournée dans les bureaux de la Dutch National Bank, du diaporama Infiltration (1996-en cours) et d’extraits de l’installation vidéo Système K réalisée à Kinshasa en 2017.
17h30 Alain Declerq (artiste) en conversation avec Fred Pradeau (artiste)
Projection de Embedded (2009) document filmé en caméra cachée, aux côtés des forces de l’ordre, lors de manifestations étudiantes organisées Place d’Italie à Paris en 2006 et de Headquarters (2016) filmé en Corée du Sud au pied de la DMZ (frontière avec la Corée du Nord) ; projections d’images de l’exposition Hidden à la galerie Loevenbruck (2009).
Samedi 3 juin 2017 de 14h30 à 19h / Salle multimédia du FRAC