Patrice Carré

Véhicules
auto, moto, vélo, train, avion et BATEAU

28 mars – 20 septembre 2015

Vernissage le 27 mars à 18h30

La mer, l’étang, les canaux, à Sète les bateaux sont partout : barques et petits bateaux ancrés en rang d’oignons perpendiculaires aux quais, chalutiers, vedettes de tourisme, yachts… Dans un tel contexte, quoi de plus naturel pour le MIAM que d’envisager un projet d’exposition sur les bateaux  en forme d’état du monde, des boat people aux croisières de luxe, de Miami à Lampedusa. Cette thématique des « bateaux » était dans nos projets lorsque la Collection de l’Art Brut nous a sollicités pour reprendre l’exposition « Véhicules », conçue à partir de ses propres collections et présentée à Lausanne de novembre 2013 à avril 2014. Cette proposition offrait au MIAM à la fois l’opportunité de concrétiser tout en l’élargissant la thématique des moyens de transports, et de collaborer avec une institution référente et amie. Ainsi est née l’exposition « Véhicules, auto, moto, vélo, train, avion et BATEAU » reprise et adaptée de l’exposition de Lausanne ; sa présentation au MIAM est structurée autour d’un ensemble exceptionnel de plus de deux cent cinquante œuvres provenant de la Collection de l’Art Brut. Dessins, maquettes, jouets, chaque artiste de la Collection de l’Art Brut présent dans l’exposition propose son propre «  rêve d’évasion  » comme remède à son enfermement mental et/ou physique. Dans les textes du catalogue, Michel Thévoz, premier Conservateur de la Collection de l’Art Brut, et Anic Zanzi, Conservatrice à la Collection de l’Art Brut et commissaire de l’exposition de Lausanne, pointent les postures récurrentes de ces artistes: classification des véhicules dans une démarche méthodique, voire maniaque, à visée encyclopédique ; anthropomorphisme des machines aux composantes envisagées comme des organes corporels. Autant de tentatives pour se poser face au monde et se l’approprier. A côté de grandes figures de l’art brut comme Emile Ratier et Carlo Zinelli dit « Carlo », qui fit l’objet d’une exposition individuelle au MIAM en 2004, l’expo « Véhicules, auto, moto, vélo, train, avion et BATEAU » donne à voir des artistes de la Collection de l’Art Brut très peu montrés, tels le canadien Philippe Lemaire qui dessine exclusivement «  le char de son père  », et Martial Richoz, régional de l’étape, qui invente et assure la gestion de son propre réseau de transports publics dans sa ville de Lausanne. Comme à son habitude, le MIAM croise et confronte différentes familles artistiques  ; ici les «  véhicules  » de l’art brut sont mis en perspective d’œuvres d’art populaire, d’art singulier et d’art contemporain. Aux multiples voyages imaginaires des artistes de la Collection de l’Art Brut, répondent les propositions d’artistes contemporains reconnus ou émergents. Bricolage de machines chez Carré, Lamouroux/Zarka et Grossetête, « peinture de marine » chez Sanejouand, Salomone, Télémaque et Lavier, poétique du voyage chez Sarkis, Panamarenko et Jean-Luc Parant. Au final, de réelles correspondances avec les artistes de l’Art Brut, jusqu’aux stéréotypes qui réservent les machines à la gent masculine ! L’Afrique est présente dans l’exposition par des objets populaires et des œuvres d’artistes singuliers. Plusieurs collections de véhicules miniatures attestent de l’attachement dès l’enfance à ces « machines à voyager ». Enfin, deux œuvres importantes de la collection du MIAM sont naturellement du voyage : la maquette du décor du film La science des rêves de Michel Gondry, qui livre l’entremêlement des réseaux organiques d’une ville imaginaire, et la Barque aux squelettes des frères Linarès, «  invitation  » explicite au dernier voyage. On pense alors a ce propos de l’artiste François Burland parlant de la mort : « (elle) se moque de mon acharnement à fabriquer des fusées des avions ou des voitures, car elle sait que je ne pourrai m’enfuir à leur bord ». Il s’agit donc bien ici de voyages imaginaires, au travers desquels l’exposition oscille entre rêve et réalité, entre jeu et gravité. Lorsque l’on sort du MIAM, on doit prendre garde au flot des voitures et des bus qui roulent sur le quai, jusqu’à former des embouteillages en période touristique ; dans le ciel on peut apercevoir un avion qui vient de décoller de Montpellier Méditerranée ; au loin on peut entendre siffler le train, celui-là même dans lequel, entre Sète et Montpellier, Charles Trenet composera « La mer ». Ainsi la boucle est bouclée, et pour paraphraser Hervé Di Rosa, Président fondateur du MIAM, et après Manille, Séville et le Japon, le Musée International des Arts Modestes vous invite « par air, par terre et par mer » pour découvrir l’exposition « Véhicules, auto, moto, vélo, train, avion et BATEAU » et partager ces voyages immobiles et leurs drôles de machines .

Norbert Duffort
Commissaire de l’exposition

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