- Professeur
Nicolas PILARD
Sylvain Ladent, Proviseur du Lycée du Rempart et Lyse Madar, Présidente du Passage de l’Art, sont heureux de vous inviter au vernissage de l’exposition « Acédie » de l’artiste Nicolas PILARD le jeudi 31 mars 2016 à partir de 18h à la galerie Passage de l’Art dans le cadre de la manifestation « L’Art Renouvelle le Lycée, le Collège, la Ville et l’Université » 2016 sur le thème De l’Orgueil à la Gourmandise… Un regard de l’Art Contemporain.
Les productions des élèves réalisées durant les ateliers menés par l’artiste au cours des derniers mois seront également visibles au CDI à partir du 31 mars, tous les jours de 9h à 17h sauf le mercredi.
Acédie
A Santa Cristina, au centre de la Sardaigne, on peut visiter un puits sacré nuragique. C’est un temple hypogé. On y entre par un escalier trapézoïdal pour atteindre le fond d’une cheminée cylindrique. Aux pieds, l’eau d’une source est baignée par la lumière zénithale qui pénètre par une ouverture circulaire. On s’y trouve aux bords d’un axe qui semble relier le Tellurique au Céleste. On y imagine facilement les ordalies qui y avaient lieu, certains soirs précis lorsque la pleine lune coïncidait avec l’oculus et noyait le puits d’une lumière argentée. Santa Cristina est un site rare, une construction parfaitement attentive à son genius loci. D’une grande discrétion, en surface on n’en discerne que ses deux ouvertures et une ligne de démarcation, il est constitué de géométries simples, qui s’effacent sobrement derrière les éléments mis en scène. C’est un canal de prières, un axe hiérophanique qui reçoit à la fois des profondeurs et de l’empyrée. Ce type de lieu est une antinomie de l’acédie. Il semble que s’y déjoue l’opacité du sensible. On y entre dans un cosmos signifiant, et on a beau être dans un espace clos, on y sent des circulations.
C’est imprégné de ce souvenir que j’ai produit les peintures et les volumes de cette exposition.
La prière requiert un silence, un vide intérieur, une possibilité de vacuité. C’est un des principes de la méditation, réussir à faire taire la cacophonie intime, suspendre les flux d’affects, le cours de la pensée. Le vide est la pierre de taille de cette exposition. Les polyptyques se sont constitués à partir d’un manque central, et ont épargné une réserve qui traverse de part en part leur composition cahotante. Les sculptures, manière de colonnes, ménagent un creux où s’abîme la lumière. Un volume qui se définit par son vide, peut-être comme un architecte doit envisager son travail, d’abord espace vide qui possède éventuellement une enveloppe externe, ou pas, comme la structure hypogée de Santa Cristina.
Nicolas Pilard