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  • Art

  • 2017

YUHANG LI

Mon travail plastique est lié avec mes écrits.
J’écris en français, qui est ma deuxième langue, ma langue maternelle devenant alors une langue fantôme. En fonction de mes progrès en français, j’apprends à distinguer la « bonne maladresse » de la « mauvaise maladresse ».
J’élabore ainsi un récit personnel jouant avec un français d’invention qui se charge d’erreurs pas toutes convaincantes dans leur nécessité.
C’est une langue qui s’abîme, qui tombe dans un gouffre.
Ce sont ces états du corps que je signale, cette difficulté au réveil. Dans ce récit se juxtaposent le chinois et le français.
Des rencontres de mots où l’articulation et le mélange se fait dans la tête du lecteur et lui donne toutes les possibilités.
La lecture provoque une recherche d’air et d’espace. La rencontre est une notion essentielle dans mon travail, les rencontres de langue, de gens et de forme.
Sur chaque rencontre demande un choix précis sur la forme. Selon le mouvement de la poésie, le mot a un désir de sortir du livre, sortir de la bouche, remplir l’espace. Étant donné que dans mon travail la forme arrive souvent à la fin, je me suis posé des questions sur « qu’est ce
que c’est le travail plastique ? »
J’ai demandé à un traducteur de traduire la phrase « Un artiste est un plasticien. »
Il m’a répondu « artist is artist. » La dimension plastique est induie naturellement dans l’oeuvre d’art, la phrase « artist is artist » résiste malgré cela dans ma tête.
Jusqu’à cette phrase sortie d’une autre bouche : « N’oublie pas qu’on est animal, l’intelligence arrive après l’odorat. »
Au final cette phrase m’a convaincue, souvent la réponse est dans la parole. Si mon travail s’inspire de la rencontre, il crée aussi des rencontres. J’organise des sessions d’écriture sous le titre de Club météo.
J’invite des amis à boire du thé et faire des lectures sur mon balcon. Chacun accroche ce qu’il a écrit à l’aide de pinces à linge. En dépit du nom donné, on se fiche bien de la météo, le climat est en réalité inscrit dans la parole.
Dans mon travail, une réduction de mots, une diminution de matière, le peu et la répétition apparaissent souvent comme une économie de moyens. Pour écrire, il faut d’abord se taire. Même dans mon silence, mon travail parle de la parole.
Mes installations sonores peuvent être des invitations à la rencontre. Il y a parfois des pièges, pour créer des situations d’écoute différentes. La superposition de sons et la distance entre chaque pièce mettent en scène un parcours dans l’espace.
Le but de mes recherches n’est pas seulement de bâtir une mémoire collective, c’est un travail sur le langage au sens le plus large.