Art
2010
Xinhe Jiang
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« Je me regarde comme on observe une coupe de terrain où apparaissent les sédiments, mes sentiments, toutes ces strates de mon plaisir, ma souffrance, mes élans, ce qui m’a fait me mouvoir, de là où j’étais vers là où je suis, en kilomètres d’espace, en années de temps. » Yves Simon, La dérive des sentiments, 1993.
La vie est pour moi un processus d’ intériorisation. À travers les collisions entre le monde et moi, les substances extérieures imprègnent mon corps, puis deviennent les éléments constitutifs de mon microcosme. Et moi, je deviens un corps sédimenté, dont l’épaisseur résulte de cette accumulation d’impressions singulières.
Dans ce microcosme, ma conscience commence à couler. Les sédiments du monde extérieur forment son lit. Le ruisseau de ma conscience irrigue des éléments indépendants. Puis, peu à peu, ces fragments isolés se répondent, forment une structure de constellation.
Des images apparaissent.
En photographie, ma réflextion singulière sur la fluidité provient de la projection de mes impressions superposées sur un endroit réel.
Au commencement, une image mentale naît peu à peu dans ma tête. Cependant, tout est voilé, presque nébuleux, jusqu’au moment où cette image floue rencontre une correspondance dans la réalité. Une réalité déjà vue dans mon songe. C’est un processus de la fermentation.
Ainsi la photographie cristallise ensemble les ingrédients conscients et ceux inconscients.
(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2010)