Art
2010
Wahiba Maafa
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Le parcours se trace. Il assure la pureté de son mouvement. Il réalise des lettres illisibles transformées en corps, riches par leurs différentes caractéristiques particulières, ordonnées par la volonté physique, la colère et l’esprit.
Par le langage de soi, j’écris ce que l’esprit ne me demande pas, plutôt que de sortir ce qui est enterré au fond de moi. Je vide mes tubes de peinture comme si je vidais mes poches, mes organes qui ne fonctionnent pas et je libère le subconscient. Dans la peinture, je récolte un vocabulaire plastique où je provoque un geste maîtrisé par le souffle vital, alliant sens esthétique, spiritualité et énergie physique. Cette discipline exige une implication du corps et de l’esprit zen. Je raconte à travers des formes qui revivent dans un corps abstrait soigneusement élaboré. Je transmets des éléments graphiques et linguistiques, des signes, des mouvements de trait pour construire le contenu d’un tableau.
Réciter est découvrir la réalité sur soi. C’est manifester sur un support plastique libre, formuler un geste intime avec un souffle vital relançant la force et la souplesse que le signe apporte. Je possède des objets qui flottent dans le vide de ma toile, des mots et des phrases relâchées par mon esprit. La calligraphie les a transformé en formes abstraites résidant entre deux langages. Mon territoire demeure entres souvenirs et civilisation, entre la contemplation plastique et le dialogue impulsif que provoque la calligraphie qui élève l’âme et illumine les sentiments.
Dans la peinture, je traverse de grands moments de plaisir. Je communique avec les matériaux. Je libère ma pensée. Je traverse le monde avec ses bonheurs, ses douloureuses histoires. Je transmets toutes mes facultés linguistiques et culturelles, expression nécessaire à la manifestation picturale.
(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2010)