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  • Art

  • 2017

TIPHAINE DURBESSON

Partant d’une imitation, comme celle du miaulement aigu d’un chaton, je transforme et j’étire vocalement le son jusqu’à-ce qu’il devienne cri, un cri monstrueux et indéfinissable, faisant émerger de multiples évocations.
Deux immenses projections de visages peints se provoquent l’un l’autre en émettant des sons intenses. Placée entre eux, j’essaie de rétablir une harmonie sonore en vocalisant à mon tour des sons tantôt chantés, tantôt gutturaux, tantôt suraigus. L’ombre portée dessine derrière moi
la découpe d’une silhouette surdimensionnée qui surplombe les deux têtes et accentue les gestes de mon corps semblant pris dans un conflit intellectuel articulé sans langage.
J’ai besoin de chanter, de crier, de gémir, de respirer comme les êtres, les choses et les éléments le font autour de moi.
C’est par la voix que je vibre en harmonie avec le monde qui m’entoure. Le travail de cette voix par la mise en scène de mon propre corps dans la performance me permet de me libérer du langage ou de l’harmonie du chant — la musique — et de l’envisager comme une matière sonore capable par nature de faire ressurgir des sensibilités refoulées ou inconnues et de solliciter des émotions.
La voix est le prolongement invisible du corps. Elle développe une capacité de diffusion omnidirectionnelle et porte les affects du vécu. Un cri est aux oreilles ce qu’un corps monstrueux est aux yeux. Le cri peut entre autres renvoyer brutalement à des sentiments de détresse ou d’agression, réduits au silence par le confort de vie moderne. Une voix peut être douce et harmonieuse et provoquer des sensations agréables, mais quand elle prend la forme de sons étranges, voire celle d’un cri, elle peut générer un grand étonnement ou faire réapparaître des images et des sentiments totalement enfouis.
Dans mon travail, je tiens à aller au coeur de la matière que je mets en oeuvre — substance pouvant être sonore, vocale, filmique ou picturale. J’ai besoin d’étirer cette matière au maximum, de creuser profondément à l’intérieur jusqu’à découvrir comment elle résonne réellement. J’ai besoin de voir comment, par l’action d’étirer, de creuser, de briser, de frapper, et de voir comment, par l’étonnement, le décalage, et la sensibilité, il est possible d’accéder à des sons et des formes nouvelles et insolites.