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Tarik Chouial

Alger-Marseille j’habite l’entre deux… Miroir

Alger/Marseille, Marseille/Alger, je monte à Marseille, je descends à Alger, je fais la traversée, je refais la traversée… Bref j’habite l’entre-deux.

Depuis Alger, Marseille, la rive d’en face, j’avais le sentiment de la connaitre, avant même d’avoir eu l’occasion de la visiter. En parlant de cette ville aux Algérois, j’avais souvent ces mêmes retours : « Marseille ! C’est juste à
côté ! », « À Marseille, tu ne seras pas dépaysé. »
« À l’arrivée à Marseille, tu n’as qu’à lever ta main et on te verra d’ici. », paroles faisant référence à la « proximité » des deux villes, aux liens communs, ainsi qu’aux similitudes qui existent entre la rive Nord et la rive Sud de la Méditerranée.

Curieux de découvrir un peu plus ces liens étroits qui existent entre les deux villes, j’ai fait le choix de développer le projet de diplôme autour de cette thématique qui en écrit le titre : Marseille-Alger, j’habite l’entre-deux… Miroir.

En parlant d’un « entre-deux », ce mot m’évoque un partage, un partage entre deux rives, la rive Sud et la rive Nord. Un partage à la fois d’histoire et de mémoire, une mémoire commune. Un partage de similarité et de ressemblance, qu’on constate à chaque côté de la Méditerranée et qui nous fait penser à l’autre, la ville d’en face, de l’autre côté de la mer.

En parlant d’un partage entre les deux rives, il est impossible pas ne pas évoquer ces enfants de l’entre-deux, exilés, émigrés-immigrés, expatriés, éternels passeurs de rives. Sans oublier ces enfants bringuebalés qui n’ont cessés de faire ces allers-retours du Sud au Nord, du Nord au Sud, s’interrogeant sur leurs origines et leurs appartenances aux deux rives, à la recherche d’une part de leur identité, une part d’eux-même qu’ils croient avoir laissée ou qu’ils pensent pouvoir retrouver de l’autre côté de la Méditerranée.

L’entre-deux, pour ces passeurs de rives est un état censé être transitoire, provisoire, mais qui s’installe, il dure dans l’imaginaire de chacun d’eux, au point qu’ils ont appris à l’habiter. Cela nous renvoie au paradoxe de l’émigré-immigré du philosophe Abdelmalek Sayad : «Continuer à être présent même absent là où on est absent, ne pas être totalement présent là où on est présent ».

« Je crois que je suis condamné à l’entre-deux. Par exemple, je m’interroge des fois sur l’endroit où je vais mourir. Et je me pose la question de quel côté des deux rives je veux être enterré ? Est-ce que ça existe, quelque chose qui ne serait ni l’un ni l’autre ?… L’idéal serait peut-être d’arriver à faire de deux mondes, un troisième monde. » nous dit Ben, Un « passeur de rive » dans le film documentaire La traversée, Alger/Marseille (2013) d’Elisabeth Leuvrey.

De ce fait, la problématique que je me suis imposée, consistait principalement à trouver la manière avec laquelle pourrait se matérialiser cet entre-deux. Un entre-deux où on est à Marseille tout en étant à Alger et vice-versa. On est même présent là où on est absent, un espace fusionnel, ubiquitaire, imaginaire et partagé. Il y est question de matérialiser, de donner forme à cet imaginaire, dans lequel voudrait habiter chaque personne, qui se sent appartenir aux deux rives de la méditerranée.