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Diplômés

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Le paysage œuvre comme un prélèvement de nature, un morceau presque abstrait coupé de lui-même, une figure fractale. Un arbre ou une pierre ne sont pas que des sujets, ce sont des univers en soi. Voyageuse naturaliste, je vais à la rencontre de ces mondes autant que ces mondes viennent à moi, dans un jeu complexe d’échos et de résonances : dresser le portrait d’une cellule, d’un caillou, d’une branche, d’un ciel, de manière très simple. Garder l’empreinte d’instants éphémères. Consigner des idées de lieu, d’harmonies minérales, de jeux de lumière. Photographier des ombres « à la merci » du soleil. Capter et récolter ce qui est caché, voilé, la rêverie, l’hypnagogie, le floutage, le bruitage, la pixellisation, la métamorphose. Inscrire l’incertitude.

La roche, le végétal, le ciel, l’eau, la carte, la topographie, les limites. L’horizontalité vs la verticalité. Tout cela soulève la question de la découverte du monde, la conquête du territoire, l’envahissement du terrain. Tout cela fait allusion aux géographies mythiques ou politiques qui s’avèrent finalement toutes imaginaires et fluctuantes. Une image, comme une cosmogonie.

En parallèle de ces investigations contemplatives, j’esquisse un travail graphique assez formaliste qui vise à questionner l’essence même du dessin : des images mises à plat ; de l’encre, du papier ; une grande économie de moyens, même si les processus sont parfois complexes. Je ne recherche pas l’action minimale. À travers l’usage d’anciennes techniques de production d’images, je vise la culture du travail manuel et l’étirement du temps, favorisant le développement de la pensée, de la réflexion.

Par exemple, dans la série de dessins Animalcules, l’idée est d’interroger l’esthétique graphique spécifique du schéma, les modes de représentation simplifiée du réel, et les certitudes toujours renouvelées de la science, à partir d’un angle d’attaque qui m’est très familier : la biologie. L’emploi de feutres de couleur tend à influer sur la perception et affirme une étrange figuration « sauvage ». Les schémas deviennent des formes singulières qui deviennent à leur tour des personnages chimériques. De la dérision surgit parfois de ces compostions et des ces traits de couleurs. Chaque dessin, focalisé en tant qu’image, devient alors dans son interprétation un puits d’hypothèses sans fond.

(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2011)