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Diplômés

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Sylvain Lecuyer
  • Art

  • 2009

Sylvain Lecuyer

L’appréhension du corps dans mes images a toujours été le point central. Les figures face aux corps. Car que faire d’un corps ? De son propre corps. Question de cadreur et de mise en scène. Mes corps sont seuls, isolés. Ils ne peuvent être entourés que du changement, du non-fixe, ils sont la seule linéarité qui devra changer par leur prise de conscience, par leurs moyens propres, par le fait qu’ils devront faire le deuil de leur précédent état. L’image doit aller dans ce sens : elle ne doit être que sensation, l’image est sentiment, ressentiment, abstraction. Il nous faut voir pourtant ce qui s’y passe ; mais les corps tiendront plus de la forme que de l’acteur. L’image doit faire ressortir les corps pour montrer leur importance, donc l’image en dehors de ces corps doit être la plus simple possible.

Dans ce travail, je n’ai voulu que des corps d’un côté, que des esprits de l’autre ; multiplier les corps dans un imaginaire. Pour moi, la vidéo, qu’elle soit cinéma ou installation, est intrinsèquement une illusion, c’est pourquoi je cherche à augmenter son impalpabilité, et ce dans tous mes travaux. En effet, quel est l’élément constitutif de cette substance qu’est l’image ? La lumière. Je cherche à baigner l’espace dans le moins de lumière, mais la capter le plus possible : l’arrachement m’est un mouvement indispensable, une envie insatiable. Dès le travail de quatrième année, Le fil de Polynice, les corps commençaient à baigner dans le noir, dans une solitude, dans un non-décor qui est la non-matière même. Le flou n’y intervenait pas. Je cherchais leurs lumières, leurs surfaces lumineuses.

Dans Heremoana, les corps baignent constamment dans ce noir isolant, qui les met l’un en face de l’autre, en relation constante. Ce noir qui les fait disparaître est aussi le seul moyen de rapprocher, de les unir. Il y a quelque chose aussi de l’animalité dans la captation de ces corps dans le noir, qui se rapproche de la vie nocturne ; la cohabitation dans le monde diurne leur étant impossible, les sensations ne peuvent s’éprouver que sous la protection du noir impénétrable. C’est la radicalité de leur isolement.

(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2009)