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Diplômés

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Begger, 2012 Feutre sur papier, format A3
  • Art

  • 2013

Run Jiang

Sensation corporelle / Le corps comme sujet de mon travail

Pendant quatre mois à Barcelone en voyage d’études, j’ai vécu une période d’intenses émotions. Peur, nervosité, excitation, anxiété… Toutes ces impressions intimes ont accentué les sensations physiques, telles que le froid, le chaud, la faim ou la fatigue. Cela a créé en moi l’impulsion impérative de les exprimer et de les libérer. L’utilisation du feutre et du papier vient de cette même nécessité urgente.

Je dessine rapidement pour exprimer la spontanéité de mes sensations. Je ne dessine pas uniquement mes affects, mais aussi des images qui passent dans ma tête. Je n’imagine pas, je saisis. Dans un premier temps, sans arrière-pensée, je veux exprimer mes sensations de manière franche et directe, j’utilise mon corps comme sujet principal de mes oeuvres. Ma rencontre avec le livre L’image corps, Figure de l’humain dans l’art du XXème siècle de Paul Ardenne (2001) a bouleversé mon regard sur la figuration des corps amenant mon travail au-delà d’une narcissique forme de subjectivité. Mon dessin correspond souvent à quelque chose de l’ordre de la métaphore.

Ces dessins peuvent être regardés comme une forme de mémoire, un report de ce qui s’est passé dans le corps, des images mentales, des représentations conscientes. Ils sont dans un même temps inconscients, visions expressionnistes construites dans une certaine mesure comme le rêve — rêve éveillé, animées par des principes similaires de pensée.

Par exemple, j’utilise toujours une couleur et une forme spécifique intuitives pour exprimer la douleur, un mécanisme psychique du même ordre que les symboles dans les rêves. Par ailleurs, focaliser l’attention sur mon corps et ne penser à rien, laisser les idées et les images arriver d’elles-mêmes — cela ressemble à l’hypnagogie : un état de conscience intermédiaire au cours duquel nous passons lentement de l’éveil au sommeil — cette opération mentale serait une tentative de l’ego pour garder le contrôle sur le processus de pensée au niveau cérébral pendant le passage du conscient à l’inconscient. Les métaphores qui sortent de ma tête semblent parfois ne pas être soumises aux lois de la logique, mais elles peuvent comprendre des sens cachés comme à l’intérieur d’un rêve.

(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2013)