Art
2007
Romain Augier
Le point de départ de mon travail prend naissance lors de rencontres, de découvertes et parfois de redécouvertes d’images. Sur toutes sortes de supports, sans distiction aucune. De la publicité aux photos de famille, en passant par les pochettes de disques et les journaux. Tout le spectre de l’image contemporaine. Ce sont des images qui retiennent l’attention du peintre que je suis, pour quelque raison. Je les retiens pour une intégralité (rarement) ou pour un simple détail, une attitude, une expression, une couleur, un objet, n’importe quel fragment qui provoque mon regard, qui provoque un déclic et qui pour moi fait de nouveau « image ». Cela donne naissance à un florilège de données, amassées d’année en année. Je considère cet amas de photographies de journaux ou personnelles, un peu comme un pseudo carnet de croquis, ce ne sont que des outils mis au service de ma jouissance picturale, qui tout simplement me permettent de « jouer à la peinture ».
Je suis dans le registre d’une peinture qui se veut instantanée. Au moment de peindre, l’idée à maturité, ce qui explique également la relative rapidité avec laquelle mes tableaux sont (doivent être) exécutés. Le caractère de fragment, l’éphémère, l’instantané s’en trouve évidemment d’autant plus accentués. Cette urgence du « faire » dans ma peinture est vraiment importante, cette volonté rapide de marquer mon territoire, de travailler dans le frais de la matière, d’étaler de la couleur sur la surface de la toile, comme un instinct premier, de laisser un trait, une trace, ma propre trace.
Je ne sais pas si je serais capable de vous parler clairement de mon amour pour la peinture, et plus particulièrement pour l’acte de peindre. Un moment totalement extraordinaire, qui prend souvent un caractère mystérieux et je partage l’avis de l’artiste Glenn Brown en pensant que effectivement on ne s’y exerce jamais assez. J’aime la liberté de peindre. La peinture est tellement fascinante. J’ai un engouement sincère pour la peinture, pour moi elle demeure enfantine, une émulation ludique, un rêve, un jeu. J’ai compris rapidement que pour moi la peinture ne pouvait être qu’ainsi, une sorte de divertissement. Je ne cherche plus à faire beau, laid, bien peint, mal peint, ça vient, c’est tout. Philip Guston, ce sont des gens comme lui qui m’ont donné le désir de peindre, et de peindre encore et toujours, malgré les… enfin ne parlons pas des choses qui fâchent… ceux qui osent proclamer que « la peinture, c’est fini ! » Mais pour qui? Sûrement pas pour moi.
(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2007)