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Diplômés

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La grande muette

Ce projet est lié à une sensibilité pour les soldats de l’Armée française en campagne. D’écho en échos de relations dans ce milieu, le soldat français me semblait délaissé et négligé, c’est pour cela que ce sujet a été choisi.

Mes recherches m’ont permis d’établir que ces personnes s’inscrivent dans un contexte économique et social compliqué, le manque de moyens sur le terrain pour leur confort de vie ainsi que leur éloignement de la France dans des camps isolés de tout a donné lieu à trois questionnements intéressants.

 

Ses loisirs.

Les soldats entre deux missions ont des moments de vide importants. Cette routine est parfois dure à supporter et vient s’ajouter à leurs conditions de vie difficiles. Cette dimension du projet a donné l’idée de réhabiliter un savoir-faire oublié de l’Armée, à savoir « la Paracorde », repensée dans une utilisation pertinente.

Cette corde emblématique utilisée autrefois dans les suspentes de parachutes est mise en oeuvre en tant que moyen de création auprès des soldats (art du tressage), ainsi que manière de s’approprier son espace de vie en le modifiant.

Ce dispositif prend la forme de tutoriels publiés sur Internet permettant aux soldats d’apprendre par eux-mêmes les nœuds utiles pour créer du mobilier dans leur camp militaire à l’étranger.

 

Sa mortalité

« Le soldat donne la mort parce qu’il a accepté de la recevoir en retour. » est un principe allant de pair avec la profession de militaire. Côtoyer la mort l’amène parfois dans des célébrations mortuaires proches de rites païens : totems enflammés, feux d’artifices… les soldats marquent la perte d’un camarade par ces événements. En réponse à ce besoin de rituel a été crée un projet de plaques commémoratives -sorte de memento mori- gravées par les soldats proches de la personne décédée. Les plaques sont ensuite agrafées au système d’attache du sac mortuaire pour être rapatriées avec le corps auprès de la famille du soldat disparu. Ces hommages partagés offrent de mettre en place un processus de deuil pour les soldats ainsi que des témoignages gravés de condoléances pour la famille du défunt.

 

Sa sexualité

La France à une certaine époque a utilisé le bromure afin de calmer les ardeurs sexuelles des soldats, avant que son usage soit interdit. De nos jours, ce besoin charnel n’est plus traité par la hiérarchie. Ce tabou a donné lieu à de la frustration pour certains, et dans des cas plus extrêmes produit du harcèlement, voire des viols.

Un produit est crée pour répondre à cette problématique, il s’agit d’un jeu de cartes de pin-up modernes. La pin-up en son temps de gloire fut une source de propagande mais également de soutien moral des troupes comme dérivatif pour les frustrations sexuelles des soldats américains. Ceci donna même naissance à un courant créatif : le « Nose art » (peintures de guerre sur le nez des avions de combat).

Ce jeu de cartes réactualise de la célèbre figure érotique, il ne représente plus uniquement des femmes voluptueuses souriantes au seul profit d’un public masculin, il est devenu mixte et il base son iconographie sur des représentations sociales plutôt que des stéréotypes physiques, ouvert à toutes préférences sexuelles par sa méthode d’utilisation. Le scénario se déroule comme tel : un ou une militaire prend une carte du jeu représentant une personne charmeuse à ses yeux, frotte la carte avec un doigt et la chaleur produite révèle un QR code à scanner avec un smartphone. Le lien dynamique activé emmène le soldat sur une vidéo accessible avec un système de lunettes de réalité virtuelle, plongeant le soldat dans un film aléatoire aux attraits suggérés par la carte. Ce jeu offre au militaire une manière originale et immersive de satisfaire ses plaisirs solitaires.