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Diplômés

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Pièce Montée, 2010 Sculpture, plâtre, fleurs de cimetière, bois, goudron et néon. Dimension variable
  • Art

  • 2011

Olivier Muller

Il y a la volonté de faire naître une forme dans l’atelier et de donner corps à un objet réceptacle d’un geste, d’une énergie corporelle. Une volonté de bâtir. Une logique de mise en œuvre.

Il y a aussi les accidents de l’expérimentation et les « ratés » de la pratique, les choses bancales et inachevées, se qui cassent, qui tombent. Celles-ci sont importantes pour moi car elles se dissocient de la volonté de l’acte de « faire », elles exposent une autre histoire, elles mettent en jeu d’autres forces, elles interrogent d’autres possibles. Une bifurcation inattendue que je ne corrige pas, une fragilité que j’aime laisser là, au risque de voir l’ensemble choir.

Entre l’apparition d’une forme et l’endroit de sa perte (terrible destruction ou ruine joyeuse), qu’est-ce que l’on peut trouver ? Cela pose la question du devenir de l’objet et de la nature plurielle de l’œuvre. J’aime l’image précaire et fragile d’un formalisme passé au marteau-piqueur. Une esthétique simple et immédiate de semblant d’artisanat « mal-habile » hors des normes idéales, soumise à aucune nécessité de rendement ou de réussite. La vanité d’une forme croulante qui se veut autoritaire.

J’utilise et manipule des matériaux de construction et de décoration choisis pour leurs qualités de textures, de couleur, de transparence, de porosité. Le plâtre, le béton, le goudron viennent tour à tour structurer, pétrifier ou soutenir des matériaux plus anecdotiques tels que les fleurs artificielles en tissu, les canevas, les vitraux, les Jeans, récupérés ici et là.

Le travail offre la proposition d’un formalisme décadent d’une forme inachevé ou usée, en double sens. La sculpture se met en scène dans une relation d’interdépendance et de relativité avec l’espace. Les éléments sont installés mais rarement fixés, ancrés dans une temporalité éphémère. Il demeure la potentialité d’un changement ou d’une chute.

Les modules construits tentent l’expérience du volume, de la sculpture mais à leur manière, émergence commune de la forme et de son événement sensible, ils n’arrivent pas au bout d’eux-mêmes. Comme une condition nécessaire contradictoire, ils croulent sous le poids de leurs propre matérialités.

Ce n’est pas la disparition des objets à peine fabriqués qui importe ici mais bien dans leur finition leur potentiel de disparition. Leur figure « ruinée » évoque pour moi l’ironie de l’acte de création, la fulgurance de la destruction, le romantisme du deuil, les ravages de la guerre, le paysage en cendres de Pompéi.

(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2011)