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  • Art

  • 2015

NATHALIE TWOREK

« Si l’art a partie liée avec l’enfance, ce n’est pas seulement pour des raisons historiques ou sociologiques mais aussi parce qu’il est intrinsèquement lié dans son processus même au jeu, aux souvenirs, aux pulsions primaires, au refoulement, à l’imaginaire qui caractérisent le domaine de l’enfance. »
Marie-Laure Bernadac, Présumés Innocents.

« Quand l’enfant est devenu adulte, et a cessé de jouer, quand pendant des décennies, il s’est psychiquement efforcé d’appréhender les réalités de la vie avec le sérieux requis, il peut un beau jour tomber dans une disposition psychique qui annule à nouveau l’opposition entre jeu et réalité. L’adulte peut se remémorer avec quel profond sérieux il s’adonnait autrefois à ses jeux d’enfant, et en assimilant maintenant ses occupations, qui se prétendent sérieuses, à ses jeux d’enfants, il se débarrasse de l’oppression trop lourde que fait peser sur lui la vie et conquiert le haut gain de plaisir qu’est l’humour. »
Sigmund Freud, L’inquiétante Etrangeté.

J’avais imaginé des mondes et des univers, ceux qui me permettaient de voir ailleurs, plus loin. Et dans ces mondes d’imitation revêtus d’une réalité enfantine pointe la société de consommation. L’art reste alors pour moi un moyen d’expression, une sorte de correctif de la réalité non satisfaisante. Le recours à la veine comique, le gag ou l’humour, les jeux de l’ironie ou ceux de l’incongru, ne constituent pas des nouveautés dans le champ des arts plastiques, je le sais bien. Ils en occupent régulièrement les marges où, même s’ils constituent rarement le coeur d’une oeuvre, ils y forment des parenthèses, comme autant de pauses ou de divagations nécessaires. Leur place représente un surprenant phénomène tant à cause de l’ampleur des propositions artistiques et la variété de leur registre, que par l’écho que celles-ci rencontrent dans le public, au-delà des petits cercles d’initiés. Des calembours appréciés des situationnistes, aux contrepèteries d’Erik Dietman, tous les moyens et jeux de mots sont bons. Je deviens donc une sorte “d’adulescente” permanente,revendicatrice sur fond ludique, social, et
drôle. C’est décrier le monde qui m’entoure, le diffamer, le juger et le critiquer avec forme et finesse…
L’art est libérateur des pressions sociales et sociétales qui pèsent sur lui, et prend à contrepied ce sérieux peu nécessaire et trop courant, afin de nous élever. Vers le rire ou vers le pire ?
Mon enfance résonne encore et toujours en moi, à travers mes pièces, mes installations, et je ne pourrais jamais m’en détacher. La vie est faite de toutes ces images, de tous ces objets que j’emprunte, détourne et revisite à des fins de monstration d’un souvenir d’enfant mal digéré. Il est important de ne pas tomber dans un seul univers onirique vivant pour lui-même mais bien de soulever tous les points et autres questionnements face à notre monde et notre société. Je joue avant tout avec ma propre palette, mes propres jeux de mots et d’ironie, mes propres personnages. Mon enfance est réinventée à travers l’autofiction, le passé à travers le futur.