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Morgan PRADAL

Marseille, le 4 juin 2015

« C’est en qualité de critique d’art et d’enseignant d’Histoire de l’art à l’école d’art située à Marseille-Luminy que je voudrais témoigner en faveur du travail de sculpture de Morgan Pradal, travail que j’ai pu suivre de la deuxième à la cinquième année de son cursus.
La caractéristique première de cette sculpture est son attachement à des matériaux denses,lourds et résistants, très proches de la construction et permettant la monumentalité : terre, pierre, plâtre, béton et ciment. Une autre de ses préoccupations principales est le dehors, pas encore la commande publique, mais la confrontation de la sculpture avec l’extérieur et un environnement urbain ou naturel. Morgan Pradal modèle et sculpte des têtes disproportionnées et grotesques qu’il voudrait semer dans des bois, des parcs et des friches comme des éléments tonitruants et dérangeants nous obligeant à mesurer un rapport d’échelles surhumain. Ce qui semble appartenir aux Titans est ici convulsé, déformé,un peu selon le modèle des figures du sculpteur allemand Messerschmidt. Elles ne sont pas d’ici, elles ne sont pas de ce monde et leur monstruosité ne peut les rendre assimilables à ce monde. Elles y représentent les objets perdus de civilisations cyclopéennes qui n’ont
jamais existé.
Avec Morgan Pradal, nous avons parlé des jardins de Bomarzo, des folies des parcs d’autrefois, et des grottes et ponts de ciment des rocailleurs italiens. Nous avons réfléchi sur la signification des fausses ruines ou des constructions étranges du type de celles du Désert de Retz. Nous avons réfléchi aux aménagements et aux parcours permettant aux visiteurs des parcs de tomber sur des vestiges oubliés ne paraissant pas être de ce monde. La folie et la merveille sont mis en valeur par cette préparation qu’est la promenade. Enfin, nous avons beaucoup évoqué les conditions récentes de la monumentalité à l’aide des exemples des deux Katharina : Fritsch et Grosse.
Toujours dans nos conversations, il a attiré mon attention sur la résistance des matériaux qu’il emploie mais aussi sur leur érosion et leur destruction. Ses installations tiennent compte de la temporalité de matériaux comme le béton, de la ruine précoce qu’il provoque, de la menace inscrite dans les bâtiments contemporains.
Il m’a parlé de son intérêt pour une architecture en pleine surenchère dont les tours seraient de plus en plus fragiles et où la gloire du monument commencerait à se déliter dès la fin de sa construction.
Le monde de Morgan Pradal est déjà défini dans ses grandes lignes mais il a l’avantage d’être ouvert sur de nombreuses investigations dont l’adéquation de la sculpture au paysage, au territoire. Déjà le paysagiste peut venir prendre le relais du sculpteur, avec toutes les réflexions ouvertes aujourd’hui sur les questions de l’environnement naturel ou urbain.
Ce sont ces possibilités-là d’investigation qui me retiennent auprès du travail de Morgan Pradal et me donnent envie de l’encourager auprès de vous. »
Frédéric Valabrègue