Art
2012
Matthieu Grosjean
Liens
Mes doutes quant à de prétendues appartenances m’ont porté à m’interroger sur ma relation avec les idées de frontières, de filiation et de liens affectifs. C’est pourquoi je photographie des territoires et des personnes qui me sont proches, comme autant d’éléments et de phénomènes qui me constituent, me fascinent et me bousculent.
Ces photographies sont à la fois des ressources à des méditations et les témoins d’un monde filant. Elles sont le fruit d’un processus de mise en suspens, nourri par un besoin de solitude et d’indépendance. Il s’agit là d’installer au sein de mon existence une temporalité propre à la réflexion. Je fais place à une tranquillité, une douceur, un silence, qui semblent défier, pour un temps, la mobilité incessante du vivant. J’arpente et je m’arrête sur des lieux lorsqu’ils portent un trouble, lorsqu’ils laissent présager une légère oscillation de la raison.
Sans renier mes liens avec une approche documentaire, je livre des ensembles de photographies en couleur qui suggèrent plus des forces de cohésion autour d’une expérience sensible qu’ils ne répondent à des impératifs de cohérence. La présence, le souffle, le rythme et l’élan sont les principes suivant lesquels ils s’organisent. Ainsi, chaque photographie conserve son autonomie et les ensembles sont appelés à être repensés et composés à nouveau. Les espaces qui séparent et relient les photographies sont des creux, des hésitations, des respirations, des bégaiements dans un flux d’idées et de sensations, de courants et de remous.
(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2012)