« Les nouveaux communs bousculent à la fois les modèles économiques dominants fondés sur la propriété et
la tradition politique du monopole de l’intérêt général par la puissance publique. Les communs qui voient les citoyens en posture de contributeurs actifs (et non pas simples consommateurs de politiques publiques) appellent à imaginer de nouvelles formes de gouvernances des territoires. Selon le sociologue Christian Laval et le philosophe Pierre Dardot : « la question est donc de savoir comment transformer les services publics pour en faire des institutions du commun. »
Le coup d’État citoyen. Ces initiatives qui réinventent la démocratie, Elisa Lewis, Romain Slitine (La Découverte, 2016)
Faire du design un outil de médiation entre le citoyen et les institutions publiques pour la gestion des communs, voici l’ambition de mon travail de diplôme. Pour cette recherche s’est développé un projet en collaboration directe avec des experts scientifiques, des agents politiques et des « supers citoyens » à Auriol.
En voici un aperçu : Give Me Hives, c’est faire de l’apiculture urbaine entre voisins, c’est aussi reverdir la ville avec des variétés de fleurs locales et de saison, pour nourrir les insectes pollinisateurs afin de protéger la biodiversité de la cité. Give me Hives est un projet qui fait du lien entre les générations, les institutions, les associations et les habitants de la commune.
C’est un projet collaboratif qui réunit jardiniers, apiculteurs, bricoleurs, experts ou débutants dans une relation d’échange bienveillante. Tous agissant pour la protection des pollinisateurs de leurs territoires.
Le Projet Give Me Hives est né à Bruxelles en automne 2017, à l’initiative de Louis Barbe (designer bruxellois) et Martin Lefebvre et pour chacune de ses applications, soutenu par des partenaires locaux. Nous sommes allés à la rencontre d’experts de la biodiversité qui nous expliquent que les densités de populations d’insectes pollinisateurs sauvages en milieu urbain sont intrinsèquement liées à l’approvisionnement alimentaire disponible et à la qualité environnementale des territoires qu’ils occupent. Leur disparition en ville serait en partie due à deux périodes de carence alimentaire, à savoir : au début du printemps et à la fin de l’automne. Ce phénomène serait entre autres lié au fait que les habitants ne fleurissent pas leurs jardins et balcons pendant ces périodes.
Sur ce postulat, nous développons l’hypothèse suivante : est-ce qu’implanter une ruche urbaine dans le cadre d’un projet de grande envergure porté par les habitants d’un territoire pourrait participer à l’enrichissement de l’écosystème de ce territoire, écosystème animal, végétal et humain ?
Pour sa première saison, Give me Hives s’est installé à Auriol où de nombreux acteurs ont pris part au projet :
une grainothèque dans la bibliothèque municipale, une ruche dans l’école, des collégiens investis et des écoliers porteurs de projet, et peut-être un parc à papillon dans la maison de retraite. Le projet continue et verra bientôt le jour dans de nouvelles villes en recréant de nouveaux réseaux d’acteurs reliés par un projet commun.