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Diplômés

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Marine Koprivnjak
  • Art

  • 2009

Marine Koprivnjak

Je crée des images de souvenirs, de moments si fins qu’on en pressent l’éphémérité, mais qui sont ceux qui persistent en points lumineux sur la rétine. J’y ajoute des atmosphères passées, usées, mais neuves de devenir. Devenir, se servir de l’acquis pour mieux découvrir ou encore se détacher de toute connaissance visible afin d’inventer sans apporter de déformation personnelle.

Par la peinture et les gestes que je lui donne, je trouve peu à peu les certitudes que je m’épuise à chercher. Le contact à la toile, seconde peau*, substitut maternel, à la matière, la pâte, les fluides me rapprochent de l’essence des choses. La fabrication du châssis, structure porteuse qui délimite, me renvoie, elle, à la solidité masculine. C’est le rapport physique premier à la création qui me construit. J’ai un besoin presque violent de sentir mes membres, ma peau toucher. C’est une libération.

*Le moi-peau, Didier Anzieux

Je crois que l’Homme est déséquilibré par la dissymétrie de son esprit et de son corps et que peindre c’est rétablir ce chaos.

Lorsque je peins, j’ai la sensation que je peux voir les liaisons entre mon esprit et mon corps. C’est une poursuite de points lumineux qui cherche son harmonie entre l’intelligible et le sensible. Quand une composition ne me correspond pas, j’en palpe la blessure qu’elle installe mais j’essaie quand même de ne pas perdre de vue mon propos. Bien que l’acte se dégage de lui-même de l’enfermement causé par la notion d’objectif, c’est l’imprévu qui prend toujours le pas. Et le rectifier serait me détacher de ma principale recherche, la vérité.

J’englobe le plus possible la couleur, la forme, le son et la matière. Et c’est le manque, qui fait que j’englouti. Une fois l’écœurement passé peut s’établir la mise en forme, la modulation de tout ce qui reste vraiment retenu. Cette étape du maintien des éléments est à la fois consciente et inconsciente, entre subjectif, goût et habitudes. Ce reste, je le travaille dans l’ambivalence de mon choix et de ce qui s’impose à moi par le « hasard » de la peinture.

J’entame une danse désarticulée entre elle et moi. Nous échangeons nos lois, nos langues, en « connaissant » toujours la fragilité du fil de notre communication. Pourtant c’est de cette fragilité que dépend ma croissance.

« Ce qui compte c’est se libérer soi-même, découvrir ses propres dimensions, refuser les entraves. »

[ Virginia Woolf ]

(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2009)