Art
2012
Luz Cardona
Liens
Cette série de 18 dessins au crayon blanc sur papier calque symbolise des massacres commis dans les années 50 et 60 en Colombie. Ils font partie d’un ensemble d’œuvres qui ont comme genèse trois années de recherche historique sur la violence, dont six mois passés sur le terrain. Ces images sont à l’origine des archives photographiques au Musée Jorge Eliécer Gaitán situé à l’Université Nationale de la Colombie (Univercidad Nacional de Colombia). Elles témoignent de l’absurdité et l’horreur de la guerre. Les reprendre par le dessin permet de se réapproprier cette histoire. À travers l’emploi de crayon blanc sur papier calque, l’image dessinée se produit et « disparaît » dans un même temps, métaphore de ce qu’il est advenu aux victimes de cette guerre. La transparence du calque qui ne retient pas le regard fonctionne comme un signe du destin, c’est comme si les disparus s’effaçaient une deuxième fois. Je n’ai pas voulu réaliser une œuvre qui témoigne sur la guerre, je manifeste simplement le fait qu’on ne veuille pas la reconnaître. Historiquement, dans mon pays, on nie notre mémoire, le souvenir des victimes, la mémoire collective et la mémoire individuelle. Je me réapproprie les images de ces corps mutilés et par la grâce du crayon, la mort et l’horreur figurent des traits. Ces lignes tracent un souvenir, puis un territoire, et pour finir, un silence. Ces petits voiles translucides, fragiles comme la vie, racontent une histoire qui est restée trop longtemps enfermée dans le mutisme. Ça crie !
(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2012)