Bienvenue à l’Institut national supérieur d’enseignement artistique Marseille-Méditerranée – INSEAMM. Il regroupe depuis mars 2020, les Beaux-Arts de Marseille et le Conservatoire Pierre Barbizet. Pour continuer directement sur le site du conservatoire cliquez ici (site en construction).

Diplômés

Voir tous

Toronto, photographie extraite de SAGA, 28 x 35 cm, 2008-2012
  • Art

  • 2012

Lisa Sudhibhasilp

SAGA 1968-1972 / 2008-2012

Cette série se construit. Il s’agit dans sa totalité de plusieurs sous-ensembles, de petites séries que j’appelle modules. Chaque module correspond à un portrait photographique d’un membre de ma famille. Cette famille s’étend sur trois continents, l’Europe, l’Asie et l’Amérique. Chaque module est travaillé pour qu’il fonctionne indépendamment du reste, comme un mot dans une phrase qui peut se suffire ou faire sens avec d’autres.

Ce projet a débuté en 2008 par la découverte d’une cinquantaine de pellicules de photographies prises entre 1968 et 1972 par mon père lorsqu’il quitta la Thaïlande pour voyager en Europe puis s’installer aux États-Unis. Ces images sont présentes dans certains modules, elles ponctuent et rythment les phrases, en ajoutant une autre dimension temporelle aux côtés de photographies que j’ai réalisées ces trois dernières années.

La fragmentation dans mon travail correspond à l’idée du portrait « multiple ». Il s’agit visuellement d’un éclatement. Je montre seulement quelques facettes de chaque portrait. J’offre une description de la personne par des images de son intérieur ou des paysages. Ces images sont pour moi autant de portraits ou en tout cas contiennent autant – voire plus – d’informations – sur la personnalité. Ainsi s’opère une fragmentation qui me permet de proposer au spectateur de reconstruire l’histoire. La fragmentation permet de montrer plusieurs « possibles », plusieurs trajectoires.

C’est en ce sens que j’ai choisi de travailler la forme du montage en photographie. Mes images se succèdent afin de créer une narration, une trame.

Les modules sont construits autour de cette trame. Les images prennent sens par cette succession. Mes différents formats servent à créer un rythme. Il en résulte un effet de mouvement ou de non-mouvement : une dynamique – comme en musique.

Les portraits « multiples » sont composés d’images de statuts différents. J’essaie de faire fonctionner ensemble des photographies de paysages, de portraits, d’intérieurs et certaines ne m’appartenant pas. Elles ont cependant sur le mur la même valeur et créent un ensemble qui peut se lire comme une seule image. Il s’agit pour moi de composer l’espace du mur avec le matériau image.

À travers mes photographies et leur agencement, j’essaie de provoquer un effet miroir. Je parle de ma famille, et de mon intimité, mais il s’agit pour le spectateur de se retrouver face à ses propres interrogations à propos de sa famille et de son intimité. Il s’agit dans l’image-même de proposer une réalité si singulière qu’elle évoquerait quelque chose de l’ordre de l’universel.

Ma manière d’utiliser les images s’apparente à une écriture. Je compose avec elles pour former du sens ou des possibles de sens. S’il le souhaite le regardeur est invité à cheminer, à chercher des réponses à travers les indices que je donne.

Il y a actuellement sept modules : Jacksonville, New York, Poitiers (deux modules), Las Vegas, Toronto et Bangkok.

(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2012)