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Diplômés

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Je suis née avec une mauvaise vue. Dans mon petit village, j’étais la seule qui portait des lunettes. Entre moi et le monde que je vois à travers les lunettes, quelque chose de transparent et d’indicible existe. Ce mince entre-deux appartient à mon monde et définit les lois de mon univers de travail. Je dois faire avec une mauvaise vue qui est pourtant une part de ce que je suis. Je dois interpréter le monde avec l’aide de silhouettes floues. Je parviens à déceler des figures, des motifs, des sujets dans cet environnement. De sorte que, dans mon travail pictural, je recouvre ces éléments de matière transparente, une sorte d’art plasmique, pour poser ma figuration du monde.

L’abstraction prédomine au premier regard de ma peinture, bien que l’image de départ, l’arrière-plan du tableau, soit une photographie d’ombres, un fragment du réel. La vérité de « La chose a été là » comme le dit Roland Barthes dans La chambre claire (1980) se métamorphose en peinture abstraite. Deux opérations sont ainsi en regard et en confrontation : la figuration et l’abstraction. Par cette ambivalence formelle, je recherche avec préméditation le hasard des figures et le bonheur de ses effets plastiques. Mes peintures, mes ombres, mes photographies se nourrissent de ce monde hasardeux, de cette poétique de l’accident.

La caractéristique première de la lumière est qu’elle brille. Durant mon enfance, mon aire de jeux était constituée de la montagne et de la mer. Je m’amusais avec la lumière. J’adore les traits de lumière filtrée par les arbres et les rayons de soleil qui se reflètent sur la mer. Cette lumière est chaleureuse. Je pense que mon travail reflète cette part de mon enfance. J’évolue en première intention à partir de ces jeux sensibles, inconsciemment de toutes sciences artistiques.

Car je veux entretenir cette lumière éclatante que j’ai vu sur mon travail, c’est pourquoi je me sers de médium éclaircissant. Et je veux oser dire que « j’ai cueilli la lumière, puis je l’ai posée tout doucement sur ma toile ».

(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2011)