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  • Design

  • 2017

JULIE ESPLANDES-VERGEZ

L’ambivalence de l’usure
« Le monde matériel dans lequel nous vivons voit sa durée de vie toujours limitée.
Dans cette grande obsession du temps qui passe, c’est d’abord le devenir des choses qui nous préoccupe. Comment cela va-t-il évoluer ? Avons-nous une maîtrise sur les choses, le temps, la vie ? Pourrions-nous tout figer ? Cela peut même en devenir absurde.
Pourtant nous sommes obligés de nous rendre compte que ce qui est parfois souhaité, c’est cette immobilité des choses face à la crainte d’un avenir incertain.
C’est dans ce monde-là que règne l’usure matérielle. Ce phénomène naturel s’impose et vient rappeler sans cesse l’impermanence de l’existence. Dès son apparition, elle vient changer la donne quant aux propriétés des choses, rendant leur vieillissement apparent.
Le matériel ne peut échapper à ce processus de vie. L’usure vient ainsi le condamner. »

« L’usure vient démontrer la réalité de l’existence et nous inscrire dans cette réalité. Le choc des temporalités que met en place l’usure montre sa capacité à vivre que nous devrions davantage suivre. Nous éviterions le renouvellement constant par du neuf quand cela est possible, ou encore d’essayer de rendre les choses immuables et nous bercer ainsi d’illusion. Les choses qui s’inscrivent dans la réalité du temps ont un intérêt de durabilité en redonnant la place légitime au temps qui passe dans la conception matérielle. »

« Penser l’usure dans la conception des éléments permet d’envisager sa modification comme un avantage. »

« L’usure révèle la valeur identitaire, cognitive et évolutive des choses. C’est un enrichissement de la matière à considérer. Nous devons nous autoriser à user nous-même, à nous responsabiliser face à la révélation de la qualité de l’usure. Abîmer ne doit pas être un frein à nos choix mais peut être davantage un stimulant. »

Les propositions de mon diplôme sont des réflexions sur des matériaux, comme le bois, le charbon, le plâtre et le textile, et les propriétés physiques de chacun qui viennent amener des modifications et révéler des possibilités de projet. Par d’observations rigoureuses, l’écoute de la
matière permet une nouvelle appréhension de celle-ci.
Le bois, en fines planches, se déforme et grise avec le temps. Je crée un jeu entre peau et ossature pour jouer sur ce que les modifications viendraient révéler naturellement. Entre plein et vide, lumière, couleur, cet apport graphique donne une autre vision d’une altération qui devient ici positive. Le charbon et le plâtre de contenants s’effritent, les formes des uns comme des autres se redéfinissent, leurs confrontations et leurs interactions questionnent les notions de fragilité et de traces. Ils influencent leur modification qui passe par une coloration — noir/blanc — et leur destruction ramène l’objet à son état initial de poussière.
Le textile d’habillage des produits acoustiques de TEXAA se déforme à la chaleur à laquelle je le soumets volontairement. En des points bien définis et dans un motif répété, je compose une dynamique et vient redéfinir l’objet initial avec des jeux d’ombres pour la création de luminaires.