Art
2010
Jonathan Attar
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J’aime m’intéresser aux anomalies et aux aléas, aux choses que l’on essaye de mettre en marge de nous-même et du monde. Poussés dans l’oubli, ils règnent en silence dans leurs espaces confinés. Ils peuvent provenir de n’importe quoi pour peu qu’on les qualifie de tel. Dans une improvisation de la transcendance de soi-même, ils surgissent à contre courant de notre intention, révélant une fragilité, une irrégularité, une difformité que j’introduis dans mon processus créatif.
C’est la mauvaise mise au point d’une caméra, la poussière qu’emmagasine un vinyle, une séquence filmique saccadée, le conflit d’information qui amène un logiciel au bug. C’est le vinyle de Batman de Christian Marclay 1, le Johnny Rotten de John Lydon 2, le punk viscéral de Lightning Bolt, les poteaux électriques de La Monte Young. Dans mon interrogation sur le rapport entre image visuelle et son, ils sont le brouhaha qui va produire la contemplation. Ils sont le bruit d’où est tirée la note, le rythme qui devient saccade, le synchronisme qui se désynchronise, jouant avec leurs spécificités, interrogeant leurs limites.
Je les mets en situation dans des objets audiovisuels qui proposent de plonger le spectateur dans une danse visuelle et sonore par des pulsions scopiques et des séductions bruitistes, dans une messe de sens qui n’aurait pour seul but que la célébration d’images sonores ayant comme point de convergence une plasticité qui tend vers l’informe.
Cette œuvre tend à sublimer des objet musicaux (vinyles) laissés à l’abandon. Donner de l’importance à l’oubli, l’oubli d’un objet face à sa mort mais aussi l’oubli de soi face à l’œuvre qui nous entraine dans ses mouvements hypnotiques et sa plasticité organique. Au-delà de la musique dont ils sont porteurs, usés, fatigués, illisibles, les vinyles arrêtent de chanter. Il en résulte du bruit ici exploité et mis en résonance avec leurs états mortifiés.
(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2010)