Art
2011
Hadrien Alvarez
Mon travail artistique tourne autour de la notion de signe, l’intérieur même de l’œuvre où se joue un équilibre dialectique entre l’histoire de la peinture même et la narrativité du tableau. Elle se fonde sur différentes thématiques telles que l’enfance, la sexualité ou l’anodin. Ma bibliothèque iconographique se constitue d’une base d’images aux origines, aux sources et aux natures diverses : Internet, photos de famille, trouvailles, etc.
De ce matériau brut que je m’approprie, je ne mets en œuvre que les images qui provoquent chez moi une résonance intérieure propice à mon travail pictural : une sensation qui cristallise un souvenir, une émotion, une composition, des couleurs, toute une palette d’éléments de construction ou de narration ou « perceptuels » qui vont me permettre de rendre ce jeu d’impressions et de références à un niveau formel.
Le but de cet acte de peindre, de cette intention de dé-figuration, est de transgresser l’histoire traduite par l’image, de soumettre l’aspect narratif du sujet traité à une structure visuelle qui servira de socle à une construction spécifiquement plastique et par la même, muette. Le travail de peinture à proprement parlé exige une translation de langage, un dépassement du récit hors de la seule représentation, que les discours s’effacent au profit des sensations. La peinture en tant qu’expérience esthétique autonome vient infirmer, confirmer ou brouiller certains aspects de l’image. Perte du sens en regard du faire et des sens, l’artiste n’est plus un seul narrateur mais un peintre, le tableau ne parle plus mais est en premier lieu peinture. Ma manière est ainsi une recherche abstraite dans la figuration : je peins pour rendre ambigu et complexe ce qui en premier lieu aurait pu s’envisager simplement comme une scène de genre.
Pour atteindre cette profondeur, il faut utiliser (et jouir de) tout ce que la peinture possède comme moyens immanents d’expression libérés dans l’abstraction : la touche, la matière et la couleur. Faire un tableau donne au final à voir le paradoxe intrinsèque et muet de toute situation, réfléchie dans la peinture.
(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2011)