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  • 2015

FRANÇOIS-XAVIER GUIBERTEAU

Écran
L’image représente, mais surtout doit se présenter d’une façon ou d’une autre.
Elle a besoin d’un support, d’un objet intermédiaire pour exister : un hôte dans le langage parasitaire de la SF. L’écran apparaît alors comme support ; le tableau, la page d’un livre, le moniteur d’ordinateur.
L’espace du tableau comme celui de l’écran devient la zone de passage des signes.
Une zone de flottement prête à recevoir l’information en transit. Une circulation du langage picturale, la circulation des formes. Qui une fois sur la surface se lient, deviennent éléments parmi d’autres, des objets interchangeables. Circulation, mobilité, zapping.
La peinture a perdu son centre, comme éclatée en traversant l’écran, elle n’est plus dans un tout, dans un cadre (espace et structure).
Elle court à travers les écrans qui forment le monde. Un monde à portée de main glissant sous nos yeux. L’oeil touchant la matière en train de se faire.
Avoir la possibilité d’aller au coeur de la peinture grâce à sa dislocation. Décomposée sur la table d’opération. Le coup de pinceau, en tantque constituante atomique de l’image peinte, resserre le champ de vision sur le détail pictural.
Zoom.
L’écran comme surface de projection, mais aussi comme paroi, une barrière entre deux entités.
Il transforme notre vision. Jamais limpide, même dans sa transparence. Comme un verre déformant agit sur l’image qui le traverse.
Il ne nous permet que de voir une partie de ce qu’il détient. Ce n’est jamais qu’une apparence, une surface. Il ne nous dit rien de ce qu’il est.
Derrière des faux-semblants, le trompe-l’oeil, il revêt parfois la forme de ce qu’il n’est pas et prend l’image d’un autre. L’écran tel le masque cache l’identité de celui qui le porte.
Extrait de Écrits, partie II
mémoire de DNSEP 2015.