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  • 2018

FLORE SAUNOIS

Située au croisement de l’écriture et des arts plastiques, ma pratique s’inscrit dans une recherche sur le langage, sa matérialité, ses possibles traductions dans des formes, et son influence – réciproque – sur le réel. En résulte un travail constitué de sculptures, installations, vidéos, pièces sonores, performances ou éditions.

S’inscrivant dans une relecture des principes de l’art conceptuel, des formes d’écriture pouvant s’apparenter à une certaine poésie contemporaine se frottent à un langage plastique, propre aux arts visuels.
Souvent discrets, ténus, et d’une apparente simplicité, mes travaux invitent à une certaine qualité d’attention. Leur concision et sobriété plastique se trouve sans cesse contrecarrée par une ironie joueuse, un humour dans lequel se condensent quelques strates ultérieures – poésie latente, sur la brèche toujours, entre dérisoire et existentiel.
Et des tautologies, des pièces tournant avec dérision en boucle, indéfiniment, soulèvent en creux la question de leur finitude.
Il s’agit de déplacer légèrement la ligne d’articulation que le langage entretient avec la réalité, pointer ces moments où le monde réel et le monde représenté ne coïncident plus – ouvrant une faille minuscule où l’on peut circuler de l’un à l’autre, où des temporalités différentes entrent en friction ; des lieux d’indécidabilité entre trivial et extraordinaire, virtuel et existant – légers écarts porteurs d’humour, par l’incongruité qu’ils engendrent. Scruter l’infime, le presque rien, et soulever la question de l’éphémère, de la disparition et de la persistance des choses – au travers de leur inévitable transformation.

 

° L’écriture comme matériau, car elle est précisément à cet endroit, à la lisière, ce point de bascule entre le matériel et l’immatériel, entre le virtuel (« ce qui est en puissance », les potentiels) et « ce qui advient », ce qui existe, dans la réalité.

 

° La trace – à la fois témoignages de gestes, d’événements passés, et objets chargés de potentiels, ouverts sur d’ultérieurs possibles –, la trace donc, pour dire ces paradoxes de présences absentes, présenter des objets dérisoires soulevant avec humour des questions trop grandes pour eux, donner à voir des précipités de temps, suspendre la condition de fugacité d’un objet ou d’un événement, se placer entre le pérenne et le « sur le point de disparaître ».