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  • 2015

FLAVIEN ODORIN

Au centre de l’espace et face au mur du fond de la salle se tient un métier à tisser couplé à un destructeur de document. Ils font face à une série d’images en différents ensembles.
Elles présentent divers objets personnels : bijoux, médicaments, vêtements ; ainsi que des oeuvres d’artistes, livres, pages de carnets de recherches… Une collection recelant unemémoire. Le métier a  tisser est prêt, les fils sont
tendus et le travail est déjà avancé.
La performance s’engage au métier. Une piled’images sur le banc. Je me saisis de la première et en même temps s’engage une parole.
Elle accompagnera toute la performance, subordonnée aux gestes et aux rythmes qu’imposent le corps au travail, les sons cadencés du métier et le bruit mécanique du destructeur de document qui ponctuent la parole. Elle se déroule en même temps que s’enroule un ruban composé à chaque rang des lambeaux d’une image. Elle est toujours contrainte de ralentir, de faire des pauses.
Car le rythme est le même, une image est prélevée, passée au destructeur, les lambeaux ramassés en une natte puis glissés entre les fils de chaîne et tassés en un rang et ainsi de suite. La voix se plie à cette chorégraphie, selon que le corps s’ébranle et s’essouffle en tassant le papier dans la trame, ou que le bruit du destructeur plus puissant que la voix ne coupe une phrase en son milieu. Cette écriture orale ne se construit alors qu’autour du geste.
Lorsque la pile d’images s’épuise, je dois me lever en continuant la récitation et prélever une nouvelle suite d’images sur le mur. Elles sont la matière première du tissage mais également les garantes d’une mémoire muette invoquée par la parole et incarnée par la bande textile.
Le métier permet dans un double mouvement, d’effectuer une transformation : les images, simples vues d’objets dépositaires d’une intimité, sont décomposées et recomposées
par l’action conjointe du destructeur-métier-à-tisser et de mon corps le mettant en action.
Libérant une parole durant la métamorphose des images en un ruban où la forme des objets n’y est plus lisible. Ces objets, dans leur valeur autobiographique, tentaient une sorte de portrait. Il ne pouvait prendre forme et se constituer dans sa profondeur et ses détails cachés qu’en brisant le mutisme de cette collection inerte par une transfiguration matérielle et orale. Synthèse des diverses pratiques qui jalonnent le travail, Commémoration regroupe la photographie, le travail textile et la performance : outils d’exploration pour faire affleurer des intimités au travers de variationsplastiques autour du portrait.