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  • 2017

ESTEFANY FAJARDO GUTIERREZ

La balle

Comment l’expliquer ? Je ne veux pas dire qu’il n’y a rien en moi, mais on ne peut pas nier qu’il s’agit là de quelque chose de l’ordre de l’invisible. Quelque chose qui me remplit et qui m’entoure, comme elle le fait aussi avec tout dans ce monde. J’avoue, il y a des moments où ça me
déconcerte. En effet, si je ne suis pas vide ni à l’intérieur ni à l’extérieur, comment je peux faire la distinction ? Dedans, dehors. Ces deux espaces sont séparés seulement par la finesse de la surface élastique qui rend tangible ma présence.
Parfois je crois qu’à l’intérieur j’ai le monde et que dehors il n’y a que de l’air, et cela me fait plaisir. J’aime bien ressentir la respiration de tous ces gens à l’intérieur, je reçois les vibrations des bruits qu’ils font et les subtils changements dans l’air provoqués par leurs mouvements.
Alors, je me sens remplie par l’énergie de tous ces corps qui n’arrêtent pas de se transformer.
Le contact c’est la seule chose qui me remet à ma place, c’est ça qui me rappelle que tous ces événements du monde se passent en dehors de moi. Au début ça me rend triste, mais après quelques instants je retrouve le bonheur, car cela fait plaisir d’être soi-même. Vous voyez ?
Dans le moment où j’arrête d’être tout je deviens moi, j’existe.
Je reconnais ma propre corporéité en relation au contact avec les corps extérieurs. C’est pour ça qu’au début je suis paume de main, mur, avant-bras, herbe, bout de pied, poussière sur le trottoir, genou… et dans la mesure où j’accumule les points de contact je commence à comprendre qu’en vérité je suis cette surface arrondie, sans début et sans fin, imprégnée de tout ce qui me touche.
Comme les flux d’air d’une respiration, toutes les choses qui s’imprègnent en moi je les propage avec légèreté. Ainsi, grâce à moi et sans l’apercevoir, elles prennent contact entre elles. Chaque trajet que je trace entre deux points de contact est un pont invisible et aussi une
invitation. Aux hautes mains tendues qui m’attendent, aux jambes étendues qui me cherchent, au sommet de tête intrépide qui me suit, je les invite tous à répondre, à devenir jeu. Quand ils acceptent c’est le bonheur absolu !
Je glisse et rapidement je continue à tracer, avec toute simplicité, l’architecture intangible des interactions qui nous entourent.
Extrait de Catalogue d’objets synecdochiques, projet de mémoire du DNSEP.