Art
2009
Émilie Picard
Ma peinture cherche des raisons d’exister au-delà de la simple représentation. Elle se cache sous les plis de la figuration pour mieux affirmer son cheminement sur la surface de la toile ou du papier. En créant des passages, des zones d’indétermination ou de rupture, la matière se raconte à la croisée de l’image qu’elle construit.
Mais elle ne saurait voler la vedette à une image prétexte. En réalité, elles jouent ensemble sur le même terrain. Cette cohabitation se donne à voir à travers les personnages que je peins, souvent dans des rapports de tension ou de jeu.
Dans mes derniers travaux – des enfants au flegme souverain, un gourou et son conseiller, des adultes en perdition dans un arbre – accusent une humanité incertaine aux contours grotesques. Sans pessimisme, je porte à la satire un univers qui tient de l’étrangeté et du fantastique comme les restes d’une réalité brisée. Parfois la peinture vient s’abîmer dans le décor, créant ses formes propres dans un effondrement des données figuratives. Elle dicte ses lois en ouvrant un nouvel espace. Ce dernier, empreint de motifs paysagés, devient le terrain jubilatoire d’un geste intuitif et spontané où le plaisir de peindre bute aux caprices même de la peinture.
(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2009)