DAVY MADAMOUR

La réflexion se porte sur l’énergie ou plus précisément sur le comportement que l’on adopte vis-à-vis de nos ressources. Comment percevoir sa consommation d’électricité ? Comment agir sur celle-ci au-delà d’une lecture chiffrée ? Ici, le design s’inscrit dans un effort de traduction des rapports de quantité, des volumes de consommations au travers de la quotidienneté de nos usages.

La bougie à cire naturelle est à l’origine des premières échelles de mesure pour évaluer l’éclairage tel que la « candela ». Les besoins d’éclairage suivaient une logique de besoin consommé par la matérialité de la bougie.

Dans une démarche de pédagogie et de matérialisation d’une consommation d’énergie, j’ai souhaité contextualiser la technologie des cellules photovoltaïques -principalement appliquée à des installations extérieures- à celui de l’éclairage domestique d’intérieur et par une traduction en volume d’une capacité d’éclairage.

La performance énergétique est souvent citée par l’usage de nouveaux matériaux ou technologies pourtant difficiles à intégrer dans la rénovation de bâtiments en pleine ville. Les rénovations ont un coût et la plupart du temps se font par des acteurs déjà sensibilisés aux économies d’énergie. Les solutions techniques ne modifient pas directement l’usager et son comportement.

Béjaïa est un cartouche de lumière équipé de cellules solaires. Ce cartouche s’aimante sur une structure métallique appliquée au balcon, à une fenêtre ou directement sur nos vitres. Le cartouche se recharge la journée puis lorsque vient la nuit, Béjaïa peut être « cueilli » afin de s’intégrer dans un aménagement d’intérieur.

Le format géométrique spécifique de l’objet permet une représentativité de ses capacités à l’instar de la bouteille d’eau de 1 L. Ici, on parlera d’un cartouche de 80 Lumens. De plus, l’autonomie de l’objet permet de constituer une distance avec notre rapport au flux continu de l’électricité puis créer du lien entre individus dès l’instant où l’on peut partager sa lumière.

Le fait de dissocier la source de lumière de la structure porteuse permet une plus grande liberté d’adaptation sur des aménagements existants. Ce qui favorise une transition sur des équipements existants ou bien par une valorisation des objets recyclés. Le projet ne s’oriente pas sur une économie d’énergie mais sur l’accompagnement d’un comportement sensible aux énergies. Il ne s’agit pas de revenir à la bougie mais de tendre vers des usages réfléchis par des objets avertis.