Bienvenue à l’Institut national supérieur d’enseignement artistique Marseille-Méditerranée – INSEAMM. Il regroupe depuis mars 2020, les Beaux-Arts de Marseille et le Conservatoire Pierre Barbizet. Pour continuer directement sur le site du conservatoire cliquez ici (site en construction).

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Case -contenant qui devient corps.

Un corps qui contient du vide, du rien. Sa composition, une matière de pas grand-chose, est en même temps primordiale. Nourriture, denrée alimentaire vitale pour notre survie, elle contribue à notre matière-chair. Elle est notre carburant.

Les coffrages permettent de mouler le vide. Il reste l’empreinte du moment où la matière a été déposée et a pris forme. Les formes géométriques donnent un cadre à cette matière qui se métamorphose. En fonction de l’humidité, de la lumière. La feuille de riz se mue de mille façons, ce qui confère son unicité à chacune des formes. Le coffrage permet à la matière de bouger mais de manière cloisonnée, dans un champ limité.

Le résultat donne une forme colorée, d’apparence géométrique se référant au Minimalisme. Mais sa tangibilité tient à la matière. Une apparence de fibre de verre extra-fine confère aux pièces une dimension délicate et fragile. Certains blocs ont subi des chocs, des brisures, des cassures qui mettent en exergue leur extrême précarité. Ces éléments révèlent une rigidité dans leur aspect formel, mais elle est détournée par la malléabilité et l’instabilité de la matière. Cet aspect fait référence à l’Antiforme, mouvement associé au travail de l’artiste Eva Hesse. Par ses processus de travail et ses matières premières, l’artiste avait introduit une certaine sensibilité dans un courant de pensée emprunt de l’Art Minimal.

Une fois mis en espace, ces volumes créent un ensemble de cases colorées. La feuille de riz leur donne un aspect diaphane, permettant à la lumière de les traverser. Ils sont comme des contenants… mais ne contiennent rien d’autre que le vide. Leurs couleurs et leur matière leur permettent d’attraper la lumière.

Leur présence tient par l’interaction des volumes entre eux. Cette présence si particulière au volume interroge par le rapport qui s’établit avec notre propre corps. Comme le stipule George Didi-Huberman au sujet de la notion de présence dans l’œuvre de Tony Smith, face à un volume y compris dans le travail artistique le plus minimaliste qui soit, nous ne pouvons nous empêcher de nous projeter par anthropomorphisme. Les cubes deviennent des corps en tant que tels. Et cette présence du volume est le moment où il nous impose sa propre visualité ; nous ne sommes plus maîtres de l’objet. Avec ses composants fondamentaux que sont la matière, le volume, la lumière et l’espace, le travail dicte son propre langage formel.

(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2012)