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  • Art

  • 2017

CHLOÉ JACQUELIN

« Une récente étude biologique a montré la présence de caractéristiques physiologiques et d’un métabolisme proche de ceux des microorganismes. Cette espèce serait issue d’une infection bactériologique de grande ampleur, due très probablement à la surconsommation matérielle humaine. Les précédents travaux de biologistes ayant observé ces organismes, ont montré une difficulté à les classifier.
Le débat sur leur nature — vivante ou inerte — reste ouvert et largement discuté dans la communauté scientifique. Ce présent document est le résultat d’une étude ayant pour but de caractériser et classer ces organismes selon leurs caractéristiques morphologiques. »
Vivants, ils sont vivants !
Les objets ont toujours été sujets à penser. Ils sont présents partout dans notre société. Notre environnement est contaminé par une accumulation d’objets fonctionnels ou purement esthétiques qui sont en général voués à disparaître, mais pas de manière systématique.
Je me suis donc posé des questions sur les choses qu’on oublie, ces objets pérennes qui persistent dans notre espace urbain. Dans mon imaginaire, ils ont commencé à muter, à s’assembler. Ils sont devenus des choses hybrides qui se mélangent et cohabitent ensemble. Je me suis donc intéressée à des outils destinés à créer ou révéler des mutations propres à chacun de leurs composants. Ces recherches m’ont amenée à réaliser de nombreuses expérimentations violentes basées sur des rapports de forces entre matières appliquant des actions comme brûler, casser, couper, coudre ou encore lacérer.
La destruction n’est pas négative, mise en oeuvre pour faire disparaître, mais comme cause du devenir, une nouvelle naissance pour l’objet qui devient chose.
Comme mon travail intègre une dynamique expérimentale à ma pratique sculpturale, le processus est aussi important que l’objet final. Il est là pour comprendre le résultat et attester une hypothèse. Comment de nouvelles formes, de nouvelles choses peuvent se lier et cohabiter dans un espace ?
Le dessin est pour moi un terrain de jeu qui ne donne aucune limite à la sculpture. Ce médium m’a permis de concevoir des assemblages imaginaires pour créer des liens entre les matières et les objets. Il n’est pas ici question de croquis, mais plutôt d’une étude sur l’objet vivant ; où comment des liaisons peuvent se créer par la pensée.
Au sein de cette nouvelle réalité, je vous invite à penser l’objet comme une sorte de molécule singulière qui, à la rencontre d’une autre, dans cet espace où elle prolifère, crée un nouveau spécimen, un objet vivant.

Chloé Jacquelin, extrait de Specimens
(mémoire du DNSEP), 2017