Art
2009
Charlotte Cauwet
Le rapport image/son a toujours été un véritable champ de recherche technique et théorique et de mise en oeuvre pratique et esthétique par les artistes sonores, les vidéastes, les cinéastes, les essayistes pour faire dialoguer les formes, éclater les discours et divaguer les sens. A cette transversalité son-image dans laquelle je me retrouve, de manière parfois dissociée ou au contraire en mêlant les deux disciplines, je confronte à la question de la plasticité du son mon rapport à l’écriture. Cette dernière fait image par le texte, l’histoire, le vocabulaire mais fait aussi son, à travers sa lecture, le travail de la voix, les modulations du rythme. Quelle est la nécessité de plaquer des images sur un texte et un travail sonore déjà riches en projections mentales ? Au contraire, pourquoi mettre du son, du langage, sur un support visuel très fertile ? Quel médium pour quel type d’images ? Ou inversement, quel récit pour quel type de représentations ? Relation de contingence ou de nécessité ? L’écriture, l’image et le son fusionnent dans un travail vidéo ou composent une pièce sonore mais aussi à travers l’installation révèlent un espace, un titre, une temporalité, une dynamique pour établir les éléments parallèles qui animent la même fiction. L’histoire produit une perspective, le son porte une perception en contre-point, et l’image délivre un autre point de vue. L’ensemble ne se réduit pas aux différents éléments qui les composent, il ouvre un nouveau champ perceptif et conceptuel, une synesthésie qui exprime une lecture singulière et multiple.
Dans Zéla, Lumière de Zéla (photo), une installation image/son de 21min, la narration est structurée par la voix qui pose le rythme des plans, le ton, et mélange les styles, parfois lit, s’éteint ou chantonne. La superpositions d’effets sonores variés et le maniérisme de l’image exhibent le délire du personnage principal, visions sensibles redoublant la folie qui émane déjà de certaines images du texte, réfléchissant l’existence de la narratrice, figurant sa subjectivité. S’ajoute à cette polyphonie sonore/visuelle/textuelle une volonté performative indirecte en jeu depuis de nombreuses années au coeur de mon travail qui, à travers le corps ou la voix, le geste et la parole, sert l’idée que je suis mon principal outil, littéralement actrice de mes oeuvres. La plastique d’un corps et le mouvement sont déjà en soi des images plurielles, la voix et la respiration source de sons.
(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2009)