Art
2018
Camille Charnay
Démarche
À la rencontre des arts plastiques et de la botanique, mes recherches tentent d’interroger de façon sensible nos relations au vivant. Avec une dimension résolument exploratoire, mes projets sont autant de pistes qui dessinent une forme de biologie poétique. Je recherche une qualité d’attention, et pour ce faire, le dessin et la photographie s’imposent comme une nécessité ; ils constituent mes deux instruments principaux pour scruter le réel, méticuleusement.
L’observation a ainsi une place centrale, non seulement d’un point de vue scientifique, mais aussi pour la temporalité et les questions de perception qu’elle engage, devenant une attitude humble qui nous parle de notre relation au monde. C’est un exercice de la curiosité qui tente de faire l’expérience, progressivement, du côtoiement du vivant ; non pas seulement voir, mais regarder, considérer, opérer des rencontres.
Mes images s’attachent à détailler l’architecture des formes qu’elles décrivent, avec un intérêt pour la collection, l’énumération et l’inventaire. Articulant présentation et représentation, des approches fragmentaires et complémentaires dialoguent, remettant en question la possibilité d’une vision d’ensemble et l’évidence d’une perception du réel. Comment alors donner à voir ? Par quels mécanismes les images peuvent-elles devenir une médiation, en pointant du doigt ce qui nous échappe ?
Mon rapport au réel se construit dans des allers-retours constants entre vision à l’œil nu et grossissement démultiplié. Continuellement alimenté par des découvertes entraînées en cascade, c’est un enchaînement d’indices visuels à différentes échelles qui se télescopent. En développant l’acuité du regard, des outils optiques comme le microscope me permettent ainsi d’étendre l’expérience de la réalité.
L’expérience nocturne représente aussi une autre lecture sensible, elle est un moyen d’appréhender différemment les lieux que mes investigations m’amènent à explorer, en distinguant la façon dont la nuit reconfigure l’espace, forme et déforme en redessinant les possibles. Les techniques de la pause longue ou de la vidéo me permettent alors de déployer des espaces silencieux, orchestrés dans une lenteur délibérée.