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Il serait difficile d’évoquer les œuvres d’Amandine Guruceaga sans photographies à l’appui. Car si elles s’inscrivent globalement dans une esthétique contemporaine, elles ne « ressemblent à rien ». On ne trouve là ni esthétique post, ni citation, ni interrogation sur, ni oscillation entre le réel et la fiction… Ce qui est certain, c’est qu’on a affaire à de la sculpture, une sculpture informée, certes, mais sans ostentation.

Edouard Glissant relevait dans la créolisation la qualité principale de non prédictibilité. De la même façon, la démarche d’Amandine Guruceaga relève de l’imprévisible — mais en toute conscience. La plupart du temps, les agencements formels ne sont pas définitifs : les sculptures peuvent être remaniées, reconfigurées selon les circonstances et les espaces où elles sont montrées. Elle utilise parfois des éléments usinés récupérés, mais nombreuses sont les oeuvres faites à la main, scrupuleusement travaillées selon des techniques artisanales spécifiques telles que le tournage sur bois, la tapisserie, le carrelage, la céramique, la ferronnerie.

Certaines pièces ont un aspect définitif, telles que Sans titre (Somme de tenir), une superposition impressionnante de volumes en bois recouverts de différents tissus, l’ensemble mesurant 3,80 mètres de haut ; ou encore Mirador balnéaire, commande publique placée sur la plage du Prado composée d’acier, de bois et d’une variété de revêtements (faïence, pierre, galet, etc.). À ces monuments qu’on peut dire pleins de grâce, s’ajoutent, en nombre, des sculptures-événements qui ne sont pas lestées d’une identité ou d’une fonction fixe. Sans toutefois s’assimiler à de la performance, l’espace d’exposition ressemble alors à un terrain de jeux où ces éléments sans emploi fixe (intérimaires, en quelque sorte) sont en attente d’agencements. Dès lors, les sculptures se ressemblent sans tout à fait être les mêmes et apparaissent, frémissantes, dans un perpétuel inachèvement, rebelles à toute velléité d’inscription.

Elisabeth Wetterwald, Juillet 2013