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Diplômés

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Amandine Ferrando
  • Art

  • 2009

Amandine Ferrando

Rêvons, rêvez…

Au commencement, je viens à vous. Racontez-moi vos rêves, vos cauchemars. Par écrit, par croquis ou à haute voix. Confiez- les moi.

« Si vous étiez un songe… » Avec votre accord, je m’approprie un de vos rêves dans la réalité. L’immatériel se soumet aux règles de l’Art. Je le transforme en performance. Le rêve est réfléchi en fonction d’un espace scénographique. Prendre forme signifie donner lieu, corps et rendez-vous. Il n’est plus imprésentable, il devient échange, écriture, spectacle. Le travail est documenté sous forme de notes, de films et de photographies. Un « rêve » peut être reproduit plusieurs fois, en différents endroits. La première est réalisée spécialement pour l’enregistrement. Les autres représentations sont jouées en direct devant un public. Un tableau vivant de rêve élabore en un temps unique un montage d’éléments hétérogènes. Il trame l’ambivalence d’une étrangère intimité et d’une étrange intranquilité. Chaque pièce s’accorde avec la source et le modèle sur une manière de «refaire un rêve » qui soit singulière. Le rêveur y incarne son propre rôle. Il a la possibilité d’abandonner le devant de la scène quand il le souhaite à la personne de son choix. Le processus de dialogue est primordial. Je prends en compte ce que le rêveur souhaite ou refoule : ses désirs, ses attentes, ses indiscrétions, ses censures, ses angoisses, ses illusions. Ses images mentales se confrontent aux miennes dans un « espace-temps à peine esquissé » (Jean- François Lyotard). C’est une façon de les embarquer avec moi dans l’aventure.

Le rêve vit à travers l’acte qui se crée. Le rêveur et les figurants ont toujours une action élémentaire et répétitive à faire, qui amène souffle et intensité à sa manifestation. Un rêve ne se commande pas. Il est ce qui «arrive». Il est important que ce rêve disparaisse comme il est apparu, d’où la nature éphémère des mises en scène. Les images s’entremêlent dans une performance qui sort du réel, une exposition qui existe un instant puis s’éteint. À la fin, on se demande si on y a bien assisté.

Mes pièces invitent à ouvrir le champ des possibles, une forme d’utopie. Le rêve est une forme d’oeuvre, un médium en soi dont on est l’artisan ou l’artiste. Je mobilise l’inconscient pour toucher un rêve du bout des doigts, mettre à jour une représentation onirique du monde.

(Texte extrait du catalogue des diplômés de 2009)