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  • Art

  • 2018

Enzo ACCARDI

Travailler en groupe

Le groupe n’a pas de nom, le groupe n’a pas de membres fixes, le groupe n’est pas centré sur Marseille, le groupe n’est pas masculin, le groupe n’est souvent pas d’accord, le groupe met en avant l’individu, le groupe organise des événements, le groupe en Suisse, le groupe à Paris, le groupe à Athènes, le groupe à Besançon, le groupe réuni une soirée autour d’une chanson qui fut un temps la sienne…

Au départ, il s’agissait de s’aider, chacun avait besoin de main d’œuvre ou simplement de quelqu’un pour filmer, prendre des photos ou encore faire la circulation.

Dans les faits, une « masse » s’est rapidement constituée, des personnes qui travaillent ensemble, qui réfléchissent à un projet, qui travaillent une idée de la discussion jusqu’à l’action.

Au départ, il y a la blague. Une idée souvent stupide mais qui nous fait bien marrer. Au fil des discussions, des échanges de points de vue, voire des engueulades, un projet commun se dessine et s’affine. Chacun met en jeu ses compétences pour apporter sa pierre à l’édifice, quelque soit son « talent » : le beau parleur instrumentalisera sa voix, le timide ira se cacher, l’homme d’action mettra en oeuvre sa dynamique… Et tous ensemble, avec des rôles définis, nous agissons comme une « masse ».

Travailler en dehors du groupe

À part ça : je travaille dans un bar depuis 5 ans, j’ai deux marques de vêtements complètement différentes, je fais quelques vidéos pour les ULTRAS, je suis militant de gauche (gauche extra-parlementaire comme disent les Italiens) antifasciste, je fais de l’art avec un ami « artiste sur le banc de touche » comme on dit, je suis un énorme collectionneur d’Adidas – pour dire à quel point je suis fétichiste : j’ai fait 22 000 km jusqu’à Buenos Aires pour aller visiter un magasin de chaussures, mais ça c’est une autre histoire…

Tout ça pour dire qu’à mon sens, l’art est partout et je me sers de mes expériences de tous les jours et des lieux d’où je viens pour nourrir mon travail artistique.

Pour situer simplement mes intentions, je ne veux pas être un porteur de bonne parole, je lui préfère la figure du bouffon du roi. Je ne suis pas là pour faire la leçon mais pour divertir, et si possible faire rire ou réfléchir un public non averti, celui qui passe par hasard, celui de la rue et d’autres lieux de vie.

Quoi de plus positif que d’arriver à trouver des dispositifs qui permettent de rentrer en contact et créer une interaction avec un inconnu ? De l’amener à participer ou à réagir à une situation, même si ce n’est de l’agacement ou de l’énervement ?

De lui donner ne serait-ce qu’une esquisse de sourire ?