Fabrizio Terranova au Frac et au Mucem
02.04.20, 03.04.20
© Fabrizio Terranova, Story Telling for Earthly Survival, 2016 (photogramme).
Exposer le récit.
Pratiques historiennes, artistiques et curatoriales
Un séminaire des Beaux-Arts de Marseille en partenariat avec le Mucem, le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Collège International de Philosophie.
Une proposition de Vanessa Brito, professeure aux Beaux-Arts de Marseille et directrice de programme au Collège International de Philosophie
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Séances 7|8 des jeudi 2 et vendredi 3 avril 2020
Story Telling for Earthly Survival de Fabrizio Terranova. Projection en présence du cinéaste
jeudi 2 avril 2020 de 18h30 à 20h (Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, plateau multimédia)
Donna Haraway, philosophe, primatologue et féministe, a bousculé les sciences sociales et la philosophie contemporaine en tissant des liens sinueux entre la théorie et la fiction. Le réalisateur Fabrizio Terranova l’a rencontré chez elle en Californie. Il a construit un portrait cinématographique singulier qui immerge le spectateur dans un monde où la frontière entre la science-fiction et la réalité se trouble. Le film tente de déceler une pensée en mouvement, mêlant récits, images d’archives et fabulation dans la forêt californienne.
Le récit comme force propositionnelle : rencontre avec Fabrizio Terranova
vendredi 3 avril de 11h à 13h (Mucem, I2mp, salle Meltem)
Fabrizio Terranova est cinéaste, dramaturge et professeur à l’École de Recherche Graphique à Bruxelles où il dirige le Master « Récits et Expérimentation/Narration Spéculative ». Son film, Story Telling for Earthly Survival (projeté la veille au Frac), construit un portrait cinématographique singulier de Donna Haraway (philosophe, primatologue et féministe) en mêlant récits, images d’archives et fabulation dans la forêt californienne. Lors de cette rencontre, nous interrogerons les notions de « fabulation » et de « narration spéculative » en dialogue avec l’œuvre de Donna Haraway et d’Isabelle Stengers.
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Un « retour au récit » se manifeste aujourd’hui au sein de l’histoire et affecte plus largement les sciences sociales et les arts visuels. Quelles en sont les causes ? Pourquoi chercheurs et artistes se tournent-ils vers le récit ?
À l’ère dite de l’Anthropocène, le sentiment de vivre dans un monde usé qui semble courir à sa perte suscite la nécessité de fabriquer de nouveaux récits pour retisser des liens entre l’existant et composer de nouvelles trames spatio-temporelles susceptibles d’ouvrir des possibles non-advenus et de contester toute forme de déterminisme. Ce séminaire se propose de saisir comment artistes, historiens ou anthropologues cherchent à déployer la dimension politique du récit à travers un certain nombre de gestes et de préoccupations communes : renoncer à la position de surplomb ; interroger sa propre situation d’énonciation ; chercher à égaliser les discours et à refuser toute hiérarchie des autorités ; tenter d’élargir le récit et d’en faire une forme inconditionnelle d’accueil, un espace ouvert aux fantômes, au refoulé et à l’exclu qui prend en considération une multiplicité d’êtres et de voix nécessaires à l’ouverture d’un espace démocratique.
S’intéresser à ces mêmes gestes nous permettra de mieux comprendre comment les sciences humaines et sociales influencent les potentialités narratives des écritures filmiques et photographiques, mais aussi comment le cinéma et l’art contemporain renouvellent l’essai et l’énonciation historique. Comment les artistes définissent-ils les enjeux des réécritures de l’histoire qu’ils proposent ? À quelles expériences artistiques et curatoriales s’ouvrent les historiens ?
L’historiographie étant par excellence le lieu d’exposition de la fabrique du récit, nous nous intéresserons aussi bien aux rêves d’histoire de Philippe Artières qu’aux recherches sur l’histoire empêchée que mènent actuellement Romain Bertrand et Patrick Boucheron pour ouvrir le récit et raviver la force subversive de la description. Nous porterons également notre attention à des pratiques cinématographiques et photographiques expérimentales (film performatif, conférence performée, projection parlée) qui croisent différents langages et supports pour chercher leur propre forme et dispositif d’écriture. Le travail de Silvia Maglioni et Graeme Thompson, Uriel Orlow ou Filipa César, entre autres, nous permettra de saisir comment le cinéma élargi expose le récit à son propre éclatement spatial, en rejouant son caractère hétérogène, discontinu, décentré, lacunaire ou partiel.
Séance suivante :
8|8
Romain Bertrand, 6 & 7 mai 2020