Exposition Habitacles, Prix François Bret et Prix Région Sud Design

Habitacles est une exposition de 37 diplômé·e·s du DNSEP 2022 (Diplôme national supérieur d’expression plastique) en art et design de l’école des Beaux-Arts de Marseille — INSEAMM. Elle est présentée du jeudi 25 août au dimanche 16 octobre 2022 à la Friche la Belle de Mai au 5e étage de la Tour. Le commissariat est assuré par Jeanne Mercier.

Le vernissage a eu lieu le jeudi 25 août 2022 avec les performances de Zoé Ledoux et Avel Plégatpendant le weekend d’Art-o-rama. 

Les artistes et designers exposé·e·s :

Élodie Adorson – Camille Billoud-Boréas – Louise Belin – Léon Bloch – Floran Bodereau – Nina Boughanim – Sounaina Devi Bunma – Raffaello Burgo – Suki Carmouche – Anne-Marie Carrour – Philippe Chea Oum – Elsa Chemin – Lucie Constantin – Thilda Craquelin – Chiara De Bernardi – Maxime Douillet – Zoë Goultas – Margot Hofert – Léa Laroche – Zoé Ledoux – Eva Leroi – Ke Li – Mingyang Lyu – Maïlys Moanda – Houssem Mokeddem – Nina Moulin – Mathilde Nicol – Marie Perraud – Avel Plégat – Gaspard Postal – Léana Ramspacher – Eva Reinert – Clara Segura – Jacinthe Sicot – Renouée Stolon – Livia Vesperini-Roure – Coraline Viguier

Dossier de presse expo Habitacles

Ventilo n°468

Trente-sept diplômé·e·s de cette promotion livrent une collection de travaux témoignant de leur époque. Comme un scanner des trois dernières années, c’est un passage au crible du monde et de la société — ses peurs, ses croyances comme ses utopies. Tou·te·s de façon singulière, de manière tout aussi critique, onirique que surréaliste, à travers différentes pratiques, peintures, sculptures, installations, design — ont pourtant en commun d’interroger l’habitacle, non comme un édifice à construire ou habiter mais comme une cause à approcher selon la définition de Jérôme Orsoni dans son essai éponyme Habitacles. 

“Une maison n’est pas un bâtiment. C’est une attitude. Un habitacle. C’est ce que montre la cabane — que l’habitat n’est pas le bâtiment. L’habitacle est moins bâti que senti.” 

Cet habitacle porte 37 sentis-ressentis. Il révèle la dualité du monde du dehors et de l’intimité de la maison. Trois années où la maison a été aussi bien ressentie comme un lieu de protection que d’enfermement. Un lieu d’expérimentation puisque nous y étions contraint·e·s et confiné·e·s. Le monde de dehors y apparaît comme de moins en moins habitable, voire proprement inhabitable, à moins de le réinventer. 

Comme l’évoquait Gaston Bachelard dans La poétique de l’espace, la maison est plus que jamais un corps de songes. Elle est devenue un cosmos.  

Alors les étudiant·e·s s’en sont saisie : on y découvre tout autant les notions d’inter-espace, d’espaces domestiques et extérieurs ou de refuge mental. Toutes ces notions sont sans cesse évoquées, invoquées, déconstruites, réinterprétées et réinventées. 

La maison est désossée, analysée, bouleversée tout comme ses matériaux de fabrication, ses plans, ses murs, sa structure et son mobilier. Tels les engawas japonais, le seuil est devenu plus que jamais un trait d’union entre l’intérieur et l’extérieur. Les espaces deviennent symboles de transition, zone tampon ou fluide. 

Le lien étroit entre corps et spatialité est omniprésent. Enfermé·e·s dans une maison-cage, comment faire pour nous échapper ? Comme le souligne Jeanne Suspuglas avec son projet Là où habite ma maison : « Depuis 2020, nous avons fait corps avec nos intérieurs, et nos “ maisons ” sont devenues des tierces personnes dans nos vies ». 

L’exposition à la Friche la Belle de Mai est pensée comme un parcours dans ces habitacles. La visite démarre avec une maison en chantier. Les travaux exposés sont autant des jeux d’échelle que des recherches autour des matériaux de construction, pour se réapproprier des techniques ancestrales ou différents savoir-faire, vannages, briques en terre, céramique ou pour déconstruire les matériaux pétrochimiques. 

Les diplômé·e·s jouent avec la question de la délimitation, de la fiction, du réalisme, de la frontière dedans/dehors, du faux, de l’artefact, de l’antre-entre. L’habitacle devient aussi le corps. Son seuil, notre peau. Le geste devient vital. Son intérieur et son anatomie sont explorés pour révéler nos histoires personnelles et collectives. Dans la dernière partie de l’exposition, ce sont les rituels et empreintes des habitant·e·s que les visiteur·euse·s découvrent. Iels parcourent un intérieur imaginaire, rencontrent les artefacts et les habitudes de ses occupant·e·s = ouvrir les frigos, fouiller dans les tiroirs, observer sur les murs, les papiers peints, les souvenirs, les photos de famille, les tableaux, les miroirs, sur les tables, des fleurs, des jeux de société et pour finir regarder par la fenêtre pour observer ce qui nous entoure, le ciel par-dessus le toit, les paysages réels ou mentaux, la mer puis finir par errer au cœur des ordinateurs et réseaux sociaux… 

Jeanne Mercier
Commissaire d’exposition, juillet 2022

www.jeannemercier.fr