Événement
MuCEM
Rencontres autour de l’exposition Histoire(s) de René L., hétérotopies contrariées
31.03.22 - 01.04.22
31 Mars 2022 14h00 – 18h00
01 Avril 2022 10h00 – 18h00
MucemLab
Entrée gratuite dans la limite des places disponibles sur réservation auprès de mucemlab@mucem.org
Rencontres autour de l’exposition Histoire(s) de René L., hétérotopies contrariées
L’exposition Histoire(s) de René L., hétérotopies contrariées, visitable du 25 février au 8 mai 2022 au Mucem, déplie sur les murs les dessins de René L. trouvés dans l’hôpital psychiatrique de Picauville, où il a été interné à partir de 1963 après son rapatriement d’Algérie, jusqu’à la fin de sa vie.
Le parcours scénographique de l’exposition met sur tables, au sens propre, les mondes possibles que cette vie aura traversés : la colonie française, l’asile, le village olympique, le navire. Ce sont les espaces qui balisent l’histoire de René, et qui concentrent et diffractent l’histoire longue de la colonisation et de la psychiatrie tout autant que les actualités de l’époque (Jeux Olympiques, lancement du paquebot France). Comment lire les bribes de ce récit sans en faire ni une illustration de l’Histoire, ni une histoire de vie anecdotique, mais l’expression vive de ce que Michel Foucault définissait comme des hétérotopies : des espaces localisables où se rejouent les événements et les représentations qui façonnent l’Histoire, tout en s’en exceptant ?
Face à ce double parcours, fait des traces laissées par René L. d’une part, et des pistes empruntées par les commissaires de l’exposition pour en proposer une lecture d’autre part, ces journées d’étude se conçoivent comme une visite discutée, où historien.ne.s, historien.ne.s de l’art, philosophes, anthropologues, architectes, écrivain.e.s, artistes, commissaires d’exposition confrontent leurs propres travaux au propos cette exposition.
Coordination : Vanessa BRITO (professeure de philosophie aux Beaux-Arts de Marseille) et Aude FANLO (responsable du département recherche du Mucem).
Jeudi 31 mars 2022
14h-15h20 : visite guidée par les commissaires de l’exposition
Fort Saint-Jean — Bâtiment Georges Henri Rivière (GHR). Visite en entrée réservée. Renseignements à mucemlab@mucem.org
15h30-18h00 : Écritures de l’enquête
MucemLab, salle Khamsin. Entrée gratuite sur inscription à mucemlab@mucem.org
15h30 : Mot d’accueil par Inge LINDER GAILLARD (Directrice des Beaux-arts de Marseille) et Aude FANLO (Mucem)
15h45 : L’exposition Histoire(s) de René L. se visite comme on mène une enquête. Elle procède par rapprochements et met en relation documents, objets et œuvres d’art pour expérimenter de nouvelles formes de narration. Quelles écritures de l’enquête ressortent des démarches historiennes, anthropologiques et littéraires ? Comment s’emparent-elles d’espaces réels, hétérotopiques, pour interroger le projet de la modernité et suggérer d’autres manières d’habiter un monde en mutation ?
Modération : Vanessa BRITO
Avec : Yann POTIN (historien, archiviste chargé d’études aux Archives Nationales)
Laurent DEMANZE (professeur de littérature, Université de Grenoble-Alpes, UFR LLASIC),
Nina LEGER (écrivaine, historienne de l’art, professeure aux Beaux-arts de Marseille)
Camilo LEON-QUIJANO (photographe et anthropologue, chercheur post-doctoral à la Fabrique des écritures)
Vendredi 1 e avril 2022
9h30 : Accueil
MucemLab, salle Khamsin – Entrée gratuite sur inscription à mucemlab@mucem.org
10h-11h : La fabrique de l’exposition
De la découverte d’un fonds à sa mise en exposition pour le public, les étapes de construction du propos répondent à des choix tant conceptuels que matériels. Les concepteurs de l’exposition reviennent, étape par étape, sur l’élaboration de l’exposition, sur les bifurcations empruntées, sur les choix opérés, sur la complémentarité de regards professionnels différents, sur les contraintes d’espace et sur les enjeux de médiation qui les ont orientés.
Avec :
Béatrice DIDIER (commissaire de l’exposition, co-directrice du Point du Jour, centre d’art, éditrice et enseignante)
Philippe ARTIERES (commissaire de l’exposition, historien, directeur de recherches au CNRS (Iris, EHESS, Paris-Condorcet)
Guillaume AUBRY (scénographe, FREAKS, agence d’architecture et de scénographie)
11h-12h15 : Rêves d’architecture
Les dessins de René L – des bâtiments collectifs, des projets de villages olympiques, des bateaux – sont signés, mais ils ne sont pas légendés. La minutie de leur réalisation accuse leur caractère géométrique, elliptique, abstrait, sériel. Ils convoquent, comme autant de fictions vraies, une esthétique architecturale au croisement de l’histoire coloniale et des utopies du modernisme.
Modération : Emilie SITZIA (directrice scientifique du programme Arts, Sciences et Société de l’IMéRA, professeure à l’Université de Maastricht)
Avec :
Katharina SCHMIDT (artiste, professeure aux Beaux-Arts de Marseille)
Samia HENNI (architecte et historienne, professeure à Cornell University, résidente à l’Imera)
Anne-Valérie GASC (artiste, professeure à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Marseille).
Zélia ALLEAUME et Louison GALLEGO (étudiant.e.s en master aux Beaux-Arts de Marseille)
12h30-14h00 : Pause Repas
Le point de départ de Yellow Limbo est un épisode extraordinaire qui a pratiquement disparu des histoires officielles : le 5 juin 1967 quatorze cargos internationaux se retrouvent empêchés de traverser le canal de Suez. Pris dans le déclenchement de la guerre des Six jours, les navires n’ont pu quitter le canal qu’en 1975 lorsqu’il a rouvert. Bloqués pendant huit ans, les équipages multinationaux ont inventé une forme de survie communautaire, qui a notamment mené à l’organisation de leurs propres jeux olympiques en 1968. La projection de Yellow limbo est accompagnée d’Anatopism, une capsule temporelle d’événements survenus entre 1967 et 1975.
15h00-16h15 : L’extraordinaire ordinaire : Approches historiques et muséographiques
Découvertes dans un hôpital psychiatrique en voie de destruction, les traces matérielles laissées par René L. font partie, selon les mots de Philippe Artières, de cette catégorie inclassable de « choses dont on veut se débarrasser un peu plus tard ». Comment ces traces matérielles et immatérielles, anonymes ou non, qualifiés d’informelles, « mineures », « infra-ordinaires », souvent intimes et fragmentaires et sans destinataires ni intentions affirmés, matérialisent-elles une histoire « à bas bruit » de l’Histoire ? Comment leur exposition peut-elle les transformer ou les déplacer ?
Avec :
Zérane GIRARDEAU (directrice artistique et curatrice, commissaire de l’exposition « Déflagrations », Mucem, 2021)
Manuel CHARPY (historien des cultures matérielles et visuelles, chargé de recherche au CNRS, laboratoire Invisu-INHA)
Baptiste BRUN (maître de conférences en histoire de l’art contemporain, Université de Rennes II,
commissaire d’exposition, notamment de « Dubuffet, un barbare en Europe », Mucem, 2019)
Le livre de l’exposition n’est pas l’exposition, il n’est pas non plus un « catalogue ». Il en est une forme
alternative, supposant d’autres options de montage, d’autres conditions de réception. Avec Philippe
ARTIERES, Vanessa BRITO et Natacha CAUVIN (chargée d’édition au Mucem)